Les groupes commerciaux et industriels du Québec veulent presque doubler l’immigration au Québec, mais un parti d’opposition séparatiste de la province francophone jette de l’eau froide sur cette idée pour résoudre les pénuries de main-d’œuvre.
L’année dernière, 50 280 nouveaux résidents permanents au Canada se sont installés dans cette province.
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Les chefs d’entreprise souhaitent que ce chiffre soit considérablement augmenté pour aider à résoudre les pénuries massives de main-d’œuvre dans la province. Le consensus signalé parmi les groupes industriels est que le Québec devrait accueillir 80 000 immigrants chaque année.
Quatre organisations d’affaires demandent une augmentation de l’immigration
Véronique Proulx, présidente de l’association Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), aurait demandé que la province accueille jusqu’à 90 000 immigrants par an.
« Nous savons que les pénuries de main-d’œuvre ne peuvent être réglées en un clin d’œil et qu’il faudra une série de stratégies travaillant en tandem pour réduire l’impact du manque de travailleurs », a déclaré Mme Proulx dans un communiqué.
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La semaine dernière, le MEQ et trois autres associations de gens d’affaires, le Conseil du Patronat du Québec (CPQ), la Fédération des Chambres de Commerce du Québec (FCCQ) et la Fédération Canadienne de l’Entreprise Indépendante (FCEI), ont fait pression sur les partis politiques provinciaux afin qu’ils prennent une série de mesures pour résoudre la pénurie de main-d’œuvre.
L’immigration en faisait partie.
« Avec une élection provinciale au Québec (prévue le ou avant le 3 octobre), il est important pour nous d’informer les partis politiques de la nécessité de mettre en place des stratégies solides pour accroître le bassin de travailleurs et maintenir l’avantage concurrentiel du Québec », a déclaré M. Proulx.
Le chef du Parti Québécois rejette l’idée d’une augmentation de l’immigration
Pas si vite, dit le chef du Parti Québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon.
Bien qu’il ne détienne plus qu’une petite fraction des sièges de l’assemblée législative provinciale, le PQ exerce toujours une influence disproportionnée sur la société québécoise puisqu’il a déjà formé le gouvernement.
De plus, il rejette l’appel à une plus grande immigration dans la province.
St-Pierre Plamondon souhaite plutôt un débat sur l’immigration « basé sur la science et non sur l’idéologie ou de fausses prémisses. »
« Le simple fait de poser des questions sur l’augmentation des quotas d’immigration soulève des implications sur l’intolérance de ceux qui les soulèvent, ce qui crée une atmosphère qui n’est pas sereine », aurait-il déclaré.
Cependant, la société québécoise doit prendre ses propres décisions en matière d’immigration et répondre par elle-même si oui ou non une plus grande immigration va effectivement créer plus de richesse et augmenter le PIB par habitant, a-t-il dit.
Ce n’est pas la première fois que le chef péquiste tente de mettre un frein à l’immigration.
En février, le gouvernement fédéral a publié son Plan des niveaux 2022-2024 dans lequel il révèle qu’Ottawa veut accueillir 431 645 résidents permanents cette année, 447 055 l’an prochain et 451 000 en 2024.
Le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, a déclaré que les niveaux d’immigration plus élevés permettraient au Canada de résoudre ses pénuries de main-d’œuvre et de stimuler l’économie nationale.
« Nous nous concentrons sur la reprise économique, et l’immigration est la clé pour y parvenir », a-t-il déclaré. « L’établissement de nouveaux objectifs audacieux en matière d’immigration, tels que décrits dans le plan des niveaux 2022-2024, permettra d’apporter encore plus la contribution incommensurable des immigrants à nos communautés et dans tous les secteurs de l’économie. »
Cela n’a pas plu à St-Pierre Plamondon.
Il a immédiatement envoyé une lettre au premier ministre du Québec, François Legault, lui demandant si la province avait été consultée au sujet des nouveaux objectifs d’immigration du Canada.
Le PQ craint qu’une augmentation de l’immigration dans le reste du Canada n’affaiblisse le poids démographique du Québec
Dans cette lettre, le chef du PQ a également averti que des niveaux d’immigration plus élevés dans le reste du Canada pourraient réduire l’influence du Québec sur la scène politique nationale.
St-Pierre Plamondon a noté que les Québécois ne représentent plus que 23 % de la population canadienne alors qu’ils en représentaient 25 % auparavant. Il a averti que l’augmentation du nombre d’immigrants dans le reste du Canada pourrait faire en sorte que le Québec ne représente plus que 20 % de la population canadienne.
« Le Québec est déjà en position d’être politiquement insignifiant dans le sens où pour devenir premier ministre du Canada, on n’a plus besoin de gagner le Québec », aurait déclaré le chef du parti séparatiste.
« Étant donné l’état fragile des francophones en Amérique du Nord, le fait de faire partie d’une structure politique qui n’a plus besoin de prendre en compte nos intérêts pour exercer le pouvoir, compte tenu de l’histoire de l’impérialisme et du colonialisme au Canada envers les francophones et les autochtones, l’avenir est sombre pour nous si nous continuons à faire partie du Canada. »