Statistique Canada affirme qu’à partir du mois prochain, il publiera de nouveaux tableaux de données estimant le nombre de résidents temporaires dans le pays après qu’un rapport économique publié plus tôt cette semaine ait indiqué qu’il pourrait les sous-estimer de plus d’un million.
La méthodologie révisée de Statistique Canada sera mise en œuvre à partir du 27 septembre et remontera jusqu’en 2021 pour estimer la population des résidents temporaires, qui comprend les étudiants étrangers et les travailleurs étrangers temporaires.
Selon un article de la CBC, les nouveaux tableaux seront mis à jour mensuellement et comprendront des détails supplémentaires, notamment la répartition des types de permis tels que les visas pour les étudiants par rapport aux visas pour les travailleurs étrangers temporaires.
Cette mise à jour a été effectuée mercredi après que Benjamin Tal, économiste en chef adjoint de Marchés mondiaux CIBC, a déclaré au gouvernement libéral, lors d’une réunion à Charlottetown, qu’il y avait une différence entre les résidents temporaires déclarés et les résidents temporaires réels au Canada.
Cette sous-estimation signifie que le Canada sous-estime le nombre de logements dont il a besoin pour résoudre la crise du logement.
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Lors d’une entrevue, Tal a déclaré que le gouvernement estimait le nombre de résidents temporaires à environ un million en 2021, alors qu’il pense que le nombre réel avoisinera les deux millions.
Cet écart, selon Tal, est dû au fait que Statistique Canada ne comptabilise pas le nombre de personnes vivant au Canada sans visa.
Alors que le logiciel et le codage de Statistique Canada supposent que les titulaires de visas temporaires quittent le Canada dans les 30 jours suivant l’expiration de leur visa, la majorité d’entre eux restent et demandent à prolonger leur présence au Canada.
En ne prenant pas en compte cette foule, l’agence ne comptabilise que 750,000 des millions de résidents temporaires qui sont absents des chiffres officiels.
De plus, 250,000 autres personnes (dont une majorité d’étudiants étrangers) sont absentes des données du recensement.
Les étudiants étrangers dans la confusion
Le dernier recensement demandait aux étudiants de fournir leurs informations s’ils vivaient dans leur résidence principale, mais il leur était demandé de ne pas remplir le recensement s’ils retournaient vivre chez leurs parents au cours de l’année.
Comme cela a semé la confusion parmi les étudiants, tous n’ont pas rempli le recensement, croyant que leur résidence principale se trouvait à l’étranger.
« C’est pourquoi même Statistique Canada estime que le recensement continue de sous-estimer les résidents non permanents titulaires d’un visa valide au Canada », a déclaré Tal.
« L’implication pratique de cette sous-estimation est que la crise de l’accessibilité du logement à laquelle le Canada est confronté est en réalité plus grave qu’on le pense, et appelle à une action politique encore plus urgente et agressive, y compris des moyens de mieux lier l’augmentation du nombre de résidents non permanents à la capacité de les loger. »
Le ministre du logement, Sean Fraser- qui était auparavant ministre de l’immigration- a déclaré dans une entrevue qu’il était « possible qu’il y ait davantage de personnes, en particulier des résidents temporaires, qui restent au Canada, ne soient pas officiellement incluses dans nos chiffres ».
« Mais je ne pense pas que cela démontre qu’il y a un manque de préparation sur la question de l’immigration par rapport au logement. »
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Il a également ajouté qu’il ne croit pas que le Canada devait réduire ses chiffres d’immigration par rapport à ses objectifs actuels de 500,000 nouveaux résidents permanents d’ici 2025, rapporte un article du Globe and Mail.
Le Canada vise actuellement à accueillir 900,000 étudiants étrangers en 2023, comme l’a déclaré le ministre de l’immigration, Marc Miller, à l’émission The House de la CBC.
Alors que Miller a suggéré un possible plafonnement de ce nombre, le Québec s’y est opposé en soulignant que l’éducation relève de la compétence provinciale.
Les universités et les collèges ont également contesté cette politique. Par exemple, Philip Landon, Président-directeur général par intérim d’Universités Canada, a déclaré que « les récents commentaires confondant les étudiants étrangers et la crise du logement sont profondément préoccupants ».
Les problèmes liés au processus de Statistique Canada, selon le rapport de Tal sur la CIBC, créent des prévisions inexactes qui retardent de deux ans les décisions des gouvernements en matière de logement.
Les estimations sont inexactes pour de nombreuses raisons, notamment parce qu’elles ne tiennent pas suffisamment compte des personnes qui n’ont pas pu retourner dans leur pays d’origine pendant la COVID-19 et qui ont bénéficié d’une prolongation de leur séjour au Canada pour y exercer des emplois essentiels.
Statistique Canada défend cependant ses chiffres, et un communiqué de l’agence indique que le nombre de résidents temporaires est « exact, produit à l’aide de mécanismes robustes » et réalisé en collaboration avec les provinces et les territoires.
« Veuillez noter que les résidents non permanents qui renouvellent leur permis temporaire ou qui passent au statut de résident permanent sont déjà pris en compte dans les estimations démographiques ».
L’agence a également déclaré que la « grande majorité » des personnes qui dépassent la durée de séjour autorisée sont prises en compte et qu’elle est consciente que le nombre de personnes qui dépassent la durée de séjour autorisée a augmenté pendant la pandémie.
De plus, la déclaration de Statistique Canada affirmait – comme le rapporte Peter Zimonjic de CBC – que même si le calcul du nombre de résidents temporaires « peut être plus difficile » que pour « d’autres groupes », les résultats du recensement sont ajoutés aux estimations démographiques afin d’identifier les résidents temporaires que le processus de recensement n’a pas pris en compte.
« Nous évaluons et révisons constamment notre méthodologie afin de prendre en compte les tendances démographiques émergentes et les nouveaux besoins en matière de données », indique le communiqué de Statistique Canada.