Le Québec doublera les droits de scolarité, qui passeront de 8 992 $ à 17 000 $, pour les étudiants canadiens hors province fréquentant dans des universités anglophones d’ici 2024, dans le cadre des efforts déployés par la province française afin de rassembler des fonds pour les universités francophones.
Le gouvernement prévoit également de facturer 20 000 dollars à ces universités pour chaque étudiant étranger qu’elles recrutent et affectera cet argent exclusivement aux universités francophones.
En ne subventionnant pas l’éducation des étudiants anglophones hors province qui, selon la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, quitteront de toute façon la province après avoir obtenu leur diplôme, le Québec cherche à utiliser l’argent des contribuables ailleurs.
« Cela coûte très cher au gouvernement du Québec et aux contribuables québécois pour les étudiants qui viennent ici et qui n’y restent pas. »
L’arrivée des étudiants anglophones dans la province est l’une des « raisons du déclin de la langue française au Québec », a ajouté Jean-François Roberge, ministre de la Langue française.
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« Ce n’est pas surprenant quand des dizaines de milliers de personnes arrivent sur l’île de Montréal sans maîtriser le français. Il est évident que cela peut avoir un effet anglicisant sur la métropole. »
Le Québec veut « rééquilibrer notre réseau universitaire, nous voulons rééquilibrer nos politiques linguistiques ici à Montréal. En attirant davantage d’étudiants francophones dans les universités francophones, c’est une façon de rééquilibrer la situation. »
Cela ne doit toutefois pas être interprété comme une « mesure contre les anglophones », selon Dery.
Bien que le premier ministre François Legault ait décrit ce changement comme « un geste de plus pour renverser le déclin du français au Québec », les trois universités anglophones du Québec – à savoir McGill (39 500 étudiants ; 20 % hors province), Concordia (46 000 étudiants ; 9 % hors province) et Bishop College (2 650 étudiants ; 30 % hors province) – prévoient une forte baisse de leurs inscriptions et critiquent cette politique.
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« Je suis choqué et déçu », a déclaré Graham Carr, directeur de l’Université Concordia, lors d’une entrevue.
Il affirme que le Québec ne se contente pas d’augmenter les prix pour « les rendre inabordables pour les étudiants venant d’ailleurs, mais qu’il envoie des signaux, en particulier dans les déclarations de (Roberge), selon lesquels les étudiants du reste du Canada qui ne sont pas francophones ne sont pas particulièrement les bienvenus ».
« C’est un très mauvais message à envoyer après tout le travail que nous avons fait pour bâtir la réputation de Montréal.»
L’Université Bishop, une petite université anglophone située à Lennoxville, au Québec, prévoit qu’il lui sera « très difficile » de survivre à la perte de près d’un tiers de son corps étudiant. Deep Saini, directeur de l’université McGill, a également exprimé sa déception face à cette annonce et a appelé le gouvernement à donner aux étudiants les moyens de réussir au Québec.
Effet majeur à long terme
« Une économie du savoir florissante nécessite un échange mondial de talents », a-t-il déclaré.
« Les mesures annoncées aujourd’hui auront un effet majeur et à long terme sur l’économie du Québec. Les personnes qualifiées que nous attirons et retenons contribuent de façon significative au Québec et fournissent à nos entreprises la main-d’œuvre hautement qualifiée dont elles ont un urgent besoin. »
« Nous devons ouvrir nos portes et investir davantage pour leur permettre de s’épanouir dans la société québécoise. Le Québec compte 19 excellentes universités, chacune jouant un rôle distinct pour répondre aux divers besoins des Québécois ».
Les universités anglophones n’ont pas été consultées au sujet de ce changement, et seront désormais forcées de mettre en œuvre une politique qui ne serait rien de moins que dévastatrice pour leurs finances en raison d’une perte de dizaines de millions de dollars par année.
La moitié des diplômés internationaux de Concordia restent au Québec, a déclaré Carr, et a rapporté la Montreal Gazette. L’année dernière, par exemple, l’université a placé 4 000 étudiants dans des stages coop avec des entreprises québécoises. Si ces étudiants disposent des outils nécessaires à l’apprentissage du français et se voient offrir les opportunités requises, Carr estime qu’ils resteront au Québec.
Faire fuir les talents
Toutefois, la mise en œuvre de politiques telles que celle-ci risque de faire fuir les talents et les investissements et de pénaliser les établissements de langue anglaise.
Le chef du Parti canadien du Québec, Colin Standish, s’est prononcé sur la question, affirmant que « cette mesure honteuse cible les personnes dont la société québécoise a le plus besoin : les nouveaux arrivants hautement qualifiés qui dépensent, vivent et restent souvent après leurs études ».
« Le gouvernement de la CAQ propose littéralement de jeter à la poubelle les milliards de dollars que ces personnes injectent dans l’économie. »
« En tant que Québécois, j’ai payé la même chose que tous les autres Canadiens lorsque j’ai fréquenté l’université en Ontario. Quel est l’objectif de cette mesure, si ce n’est de réduire la taille des établissements de langue anglaise, de décourager les nouveaux arrivants talentueux et de priver notre économie de nouvelles ressources humaines et financières ?
Seuls les étudiants de premier cycle et les étudiants diplômés hors province seront touchés par l’augmentation des droits de scolarité, tandis que les étudiants en recherche et en doctorat continueront à payer le même taux qu’auparavant. Les étudiants bénéficiant d’ententes internationales seraient également exemptés, selon la Presse canadienne.
Les personnes suivantes sont exemptées de la nouvelle structure des droits de scolarité, selon CBC News :
- Étudiants étrangers et hors province ayant déjà commencé leurs études au Québec.
- Les étudiants qui viennent au Québec dans le cadre d’ententes internationales
- Étudiants hors province inscrits à des programmes d’études supérieures.