La plupart des Canadiens sont maintenant au courant du rapport «erroné» publié par Statistique Canada selon lequel l’économie a créé 200 emplois au cours du mois de Juillet. Cette semaine, l’agence a reconnu que c’était une grosse erreur. Les travailleurs étrangers et internationaux qui ont l’intention de travailler au Canada en vertu d’un visa de travail, d’un permis de travail, ou qui ont un projet d’immigration concernant le Canada devraient être particulièrement réconfortés par ce développement.
Les rapports publiés par Statistique Canada ont des données sur tout, de la consommation de bière en Alberta à l’agriculture du champignon en Ontario. Mais ce sont les chiffres mensuels sur l’emploi qui semblent avoir l’impact le plus important sur l’économie. Ces chiffres sont largement utilisés à la fois par le secteur privé et le gouvernement.
Les négociants internationaux de devises ont fini par pousser le dollar canadien vers le bas par un demi-cent sur la base du rapport de Juillet et ont dû repousser sa valeur vers le haut après avoir entendu l’erreur. De même, Ottawa n’a pas été en mesure de traiter toutes les demandes d’assurance-emploi et dit qu’ils ne le feront qu’après avoir reçu les chiffres révisés, puisque l’éligibilité pour ces réclamations dépend du taux de chômage local.
Compte tenu de l’importance de ces données pour le Canada, on peut se demander comment une telle erreur a pu se produire.
Selon Philip Cross, ancien chef analyste économique de Statistique Canada, la raison est « les vacances d’été ». « Lorsque des erreurs se produisent, elles ont tendance à se produire en été », dit Cross. « Il y a moins de gens pour vérifier et pointer les erreurs. »
Les vacances d’été conduisent aussi à moins d’échantillons. En été, il est difficile de communiquer avec les Canadiens qui sont interrogés pour l’enquête emploi, car beaucoup d’entre eux sont également en vacances. « Cela corrompt vos échantillons. Vous téléphonez à quelqu’un et il ne répond pas parce qu’il est en vacances. Alors, que faites-vous? Vous avez juste moins d’échantillons », explique Cross.
Cependant, il n’y a pas seulement les vacances d’été qui sont à l’origine des déséquilibres statistiques dans les données de l’emploi. Juillet et Août sont les mois qui voient des changements majeurs dans le front de l’emploi. Au cours de ces mois, de nombreux élèves du secondaire et universitaires prennent des emplois d’été à court terme, et un certain passage de l’emploi à temps partiel à un emploi à temps plein se produit. En outre, plusieurs écoles licencient leur personnel l’été et les réembauchent en Septembre, afin d’éviter de traiter avec la bureaucratie de la paie de vacances. Par exemple, en 2010, Statistique Canada a rapporté que 68 000 enseignants ont été mis à pied en Juillet et ont pris leur retraite en Août. Le problème est différent pour les travailleurs de la construction – leur nombre augmente en été et baisse en hiver.
Statistique Canada utilise un processus de « désaisonnalisation » pour mettre à jour ses données pour compenser avec ce type de changements prévisibles. Toutefois, si l’on regarde les données non ajustées des années précédentes, elles démontrent comment les choses peuvent changer radicalement en été.
Pour comprendre comment Statistique Canada a fait cette grosse erreur, il est important de voir comment l’agence recueille ses très influents chiffres de l’emploi. Pour recueillir des données pour l’enquête sur la population active mensuelle, les enquêteurs doivent aller frapper à la porte de 56.000 foyers canadiens, qui sont choisis à partir des données du dernier recensement. Ils interrogent alors les habitants sur leur vie professionnelle.
Habituellement, commençant après le 15 de chaque mois, les entretiens se déroulent au cours de la même semaine chaque mois. Les réponses sont ensuite analysées et comparées aux données de base sur la population et le marché du travail, puis transformées en échantillons « représentatifs » de l’ensemble du pays. Les réponses sont « pondérées » pour s’assurer qu’elles représentent fidèlement l’âge, le sexe, la profession et l’endroit où vivent les répondants.
C’est à ce moment qu’il y a une grande place à l’erreur. Alors que 56.000 personnes peuvent refléter fidèlement les conditions de travail de plus de 34 millions de Canadiens, les experts ont à les comparer à un ensemble de données de l’ensemble de la population canadienne de référence. Le recensement fournit ces chiffres – chiffres des populations locales, le nombre de travailleurs dans différents groupes d’âge, le nombre de personnes qui travaillent dans diverses industries, etc. Alors que l’enquête sur la population active est effectuée tous les mois, le recensement est mis à jour une seule fois aux cinq ans. En conséquence, Statistique Canada doit estimer les changements qui se produisent chez la population et le marché du travail dans les années qui ont suivi.
Et lorsque le nouveau recensement sort, il faut du temps pour Statistique Canada pour mettre à jour l’ensemble de ses modèles statistiques et données passées. Il peut s’écouler plusieurs années entre le moment où le recensement le plus récent est disponible et le moment où les données peuvent être entrées de nouveau dans les informations sur l’emploi. Et plus on s’éloigne du recensement précédent, plus le travail de conjecture doit être fait par Statistique Canada. Les enquêtes mensuelles de 2014 d’emplois utilisent des données basées sur le recensement de 2006. Cela implique que Statistique Canada compare les réponses de 56 000 Canadiens en Juillet pour une situation au Canada il y a huit ans, avec une hypothèse sur la façon dont les choses ont changé. Ce processus laisse évidemment une place importante à l’erreur, en particulier dans les régions du Canada, où il y a eu des changements majeurs de la population ou des bouleversements industriels.
Selon Statistique Canada, voici comment le passage de 2001 à 2006 a touché le recensement des chiffres de l’emploi dans les provinces à l’époque:
En 2010, les niveaux d’emploi ont été révisés à la baisse de 1% ou plus au Nouveau-Brunswick (-2,3%); en Colombie-Britannique (-2,1%); à Terre-Neuve-et-Labrador (-1,5%) et à l’Île-du-Prince-Édouard (-1,0%), alors que les estimations de l’Alberta ont été révisées à la hausse, de 1,0%.
Éventuellement, Statistique Canada revient sur ses données passées pour les réviser et les ajuster pour refléter les changements réels de population et donc les rendre plus précises. Toutefois, ce processus prend du temps. La prochaine mise à jour sera en Janvier 2015, quand tous les chiffres d’emplois canadiens devront être révisés, afin qu’ils soient basés sur le recensement de 2011.
Il y a donc une chance que ce soit cette mise à jour qui ait causée l’erreur du mois dernier. Selon Cross, de telles erreurs sont rares et les données de Statistique Canada sont effectivement plus précises au fil des ans. Cross réfère également à l’ancien statisticien en chef Munir Sheikh comme quelqu’un qui a vraiment amélioré l’efficacité du processus de vérification des données de l’agence, y compris en liant le taux d’erreur à des examens de rendement au travail. Cross dit que ces processus ont continué de s’améliorer sous la direction du nouveau statisticien en chef Wayne Smith.
Les divisions les plus prisées de Statistique Canada sont celles qui produisent les trois numéros les plus importants dans le pays: le PIB (croissance économique), l’indice des prix à la consommation (de l’inflation) et l’Enquête sur la population active. Selon Cross, ces divisions ont été épargnés par les coupes budgétaires et l’IPC et sont en fait dans une frénésie d’embauche. Même l’enquête sur la population active n’a pas été affectée par la décision du gouvernement conservateur d’échanger le long formulaire obligatoire du recensement sous forme d’une enquête à participation volontaire, car il est basé sur des recensement abrégés, qui sont toujours obligatoires.
L’erreur de juillet démontre cependant que beaucoup de notre compréhension du marché du travail dépend toujours de « deviner » et est donc soumise à beaucoup d’erreurs humaines et d’hypothèses. Cela est vrai de la plupart des données recueillies par Statistique Canada. « Il n’y a pas un moment principal au fil du temps où je n’ai pas vu une erreur de données », dit Cross. « C’est un endroit énorme. Il traite un grand nombre de données. Il est plein d’êtres humains et les êtres humains commettent des erreurs. »
Commentaire de l’avocat Colin Singer :
Les travailleurs internationaux qui pourraient être intéressés à travailler au Canada en vertu d’un visa de travail, d’un permis de travail ou d’un programme d’immigration connexe sont invités à nous contacter pour recevoir une consultation gratuite à propos de leurs qualifications.
Source: Macleans