Le Canada doit faire davantage pour aider les immigrants à gagner autant que les travailleurs nés au Canada, car il existe un écart salarial persistant, affirme le groupe de réflexion de l’Institut Fraser.
Dans son rapport intitulé Enhancing Labour Market Outcomes of Immigrants to Canada « Améliorer les résultats des immigrants sur le marché du travail au Canada », l’Institut Fraser révèle que des études suggèrent qu’il existe un écart de revenus qui reflète à la fois des taux d’emploi et des rémunérations inférieurs pour les immigrants par rapport à leurs homologues nés au Canada ayant un niveau d’éducation et de formation formelle similaire.
« Le plan du gouvernement au Canada visant à augmenter les niveaux d’immigration permanente repose sur la promotion de la croissance économique globale en augmentant l’offre de main-d’œuvre », écrivent Jock Finlayson et Steven Globerman, de l’Institut Fraser, dans le rapport.
« La question de savoir si et dans quelle mesure cet objectif sera atteint dépend fortement de la performance sur le marché du travail des cohortes d’immigrants admises au Canada.
« Dans ce contexte, les politiques publiques qui favorisent des taux d’emploi plus élevés et une meilleure productivité du travail des immigrants renforceraient les liens entre l’augmentation du nombre d’immigrants permanents et la croissance économique réelle. »
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En résumé, Finlayson et Globerman affirment qu’il est dans l’intérêt économique du Canada de veiller à ce que les immigrants gagnent autant que leurs homologues nés au Canada.
Ils notent trois raisons principales à cet écart salarial :
- manque de compétences linguistiques;
- méconnaissance des pratiques du milieu de travail au Canada, et;
- problèmes de reconnaissance des titres de compétences étrangers.
« L’écart salarial entre les immigrants et leurs homologues nés au Canada est principalement lié au manque de maîtrise de l’une des langues officielles du Canada par les immigrants permanents nouvellement arrivés, à leur méconnaissance des pratiques culturelles du milieu de travail canadien et au manque de reconnaissance des titres de compétences et l’expérience professionnelle acquis à l’étranger par les employeurs et les syndicats canadiens potentiels », indique le rapport.
Finlayson et Globerman suggèrent que l’écart salarial pourrait être réduit ou éliminé grâce à des initiatives spéciales entreprises par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC).
« L’une de ces initiatives consisterait à sélectionner un plus grand pourcentage d’immigrants permanents parmi les travailleurs étrangers temporaires et les étudiants déjà présents au Canada, qui sont plus susceptibles de connaître les caractéristiques culturelles et connexes de la société canadienne et les pratiques de son marché du travail que les candidats à l’immigration permanente qui n’ont jamais vécu et travaillé au Canada », écrivent-ils.
Le rapport de l’Institut Fraser suggère également d’accorder plus de poids aux compétences en langues officielles dans le cadre du système de classement global (SCG) basé sur des points et d’autres systèmes de classement similaires pour les demandes des candidats à l’immigration.
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« Alternativement, le cadre d’évaluation pourrait être modifié pour exiger que les candidats démontrent un niveau relativement avancé de compétence linguistique dans l’une des langues officielles afin d’être admis en tant que travailleur qualifié, quelle que soit la performance dans d’autres critères du système d’évaluation basé sur des points », écrivent Finlayson et Globerman.
« Compte tenu de l’incertitude qui entoure la qualité de nombreuses universités et écoles supérieures étrangères, on pourrait également envisager de réduire légèrement le poids accordé aux niveaux d’éducation formelle atteints dans le système de points. »
Augmenter le nombre de formations linguistiques offertes dans le cadre des services d’établissement des immigrants aiderait également les immigrants au Canada à être mieux préparés au marché du travail, suggèrent-ils.
Les auteurs du rapport sont optimistes quant aux tirages d’immigration Entrée express d’IRCC axés à une catégorie et à la perspective de ces tirages pour faire correspondre plus précisément les immigrants aux besoins du marché du travail au Canada.
Les tirages axés à une catégorie peuvent contribuer à résoudre les disparités de résultats sur le marché du travail.
« Cela permettra au gouvernement d’admettre davantage d’immigrants permanents possédant des qualifications très spécifiques afin de répondre aux besoins identifiés du marché du travail et de remédier aux pénuries chroniques de main-d’œuvre qualifiée », notent-ils.
« Les règles révisées visent également à encourager un plus grand nombre de candidats ayant des compétences linguistiques en français ».
Cet été, IRCC a modifié le système Entrée express du Canada pour lui permettre de cibler 82 emplois dans les professions de la santé, de la technologie, des métiers spécialisés, des transports et de l’agriculture, ce qui leur ouvre la porte à une nouvelle voie d’immigration.
Le système de sélection phare d’Entrée express ne procédait auparavant qu’à des tirages basés sur les programmes d’immigration, et non en ciblant des professions spécifiques.
Ottawa a apporté ces changements pour aider à résoudre les graves pénuries de main-d’œuvre au Canada.
« Partout où je suis allé, j’ai entendu haut et fort le message des employeurs à la grandeur du pays qui connaissent des pénuries chroniques de main-d’œuvre », a déclaré le ministre de l’Immigration, Sean Fraser.
« Ces modifications apportées au système Entrée express garantiront qu’ils disposent des travailleurs qualifiés dont ils ont besoin pour grandir et réussir. Nous pouvons également faire croître notre économie et aider les entreprises en pénurie de main-d’œuvre tout en augmentant le nombre de candidats maîtrisant le français pour aider à assurer la vitalité des communautés francophones. »
Pour être éligibles, les candidats qui espèrent immigrer dans le cadre des tirages d’Entrée express axés à une catégorie doivent avoir une expérience de travail continue d’au moins six mois au Canada ou à l’étranger au cours des trois dernières années dans l’une de ces professions, cette expérience peut avoir été acquise en travaillant au Canada en tant que travailleur étranger temporaire titulaire d’un permis de travail ou en tant qu’étudiant international titulaire d’un visa d’étudiant.
Les pénuries sur le marché du travail ont été l’élément moteur des tirages d’Entrée express axés à une catégorie
Dans le cadre des changements annoncés à la fin du mois de mai, les volets Entrée express, y compris le programme des travailleurs qualifiés (fédéral) (PTQF), le Programme des travailleurs de métiers spécialisés (fédéral) (PTMSF) et la catégorie de l’expérience canadienne (CEC), ainsi que certaines parties du Programme des candidats des provinces (PCP répondront à présent mieux aux besoins du marché du travail.
Le Canada a signalé pour la première fois son intention de lancer des tirages axés sur une catégorie par le biais d’Entrée express en juin de l’année dernière, lorsque des modifications ont été apportées à Loi sur l’immigration, les réfugiés et la protection des réfugiés pour autoriser des invitations axées sur des catégories et d’autres attributs, tels que les compétences linguistiques.
La majorité des provinces du Canada émettent des invitations axées sur une catégorie depuis plusieurs années.
En vertu des modifications apportées à la loi, le ministre de l’immigration est tenu de consulter les provinces et les territoires, les membres de l’industrie, les syndicats, les employeurs, les travailleurs, les groupes de défense des travailleurs, les organismes d’aide à l’établissement, ainsi que les chercheurs et les praticiens de l’immigration, avant d’annoncer de nouvelles catégories.
IRCC doit également faire rapport au Parlement chaque année sur les catégories qui ont été choisies et la raison de ces choix.
Emploi et Développement social Canada (EDSC) indique que le nombre de professions confrontées à des pénuries a doublé entre 2019 et 2021. De 2018 à 2022, les admissions fédérales de travailleurs hautement qualifiés ont représenté entre 34 et 40 % de l’ensemble des admissions francophones hors Québec, qui gère ses propres admissions à l’immigration.