L’immigration au Québec va monter en flèche pour atteindre un niveau record d’environ 71 275 nouveaux résidents permanents cette année, soit une augmentation de plus de 41,7 % par rapport aux 50 285 de l’année dernière, alors que la province tente de compenser les immigrants qui n’ont pas pu venir au moment le plus fort de la pandémie.
Le ministre québécois de l’Immigration, Jean Boulet, a minimisé l’augmentation de l’immigration dans la province cette année lors d’une entrevue avec le réseau de télévision francophone Radio Canada.
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Sous la pression des groupes d’affaires et de l’industrie pour augmenter considérablement les objectifs d’immigration du Québec – un geste désapprouvé par le parti d’opposition Parti Québécois – Boulet a expliqué que l’augmentation de l’immigration de cette année n’était rien d’autre que le rattrapage des pertes de la province pendant la pandémie de la Covid-19.
L’immigration au Québec n’atteint pas son objectif de 18 775 résidents permanents en 2020
« La limite du nombre d’immigrants autorisés, basée sur le plan pluriannuel, limite les nouveaux résidents permanents au Québec à 52 500 par an », a déclaré M. Boulet.
En 2020, cependant, le Québec n’a pas été en mesure d’accueillir les 44 000 nouveaux résidents permanents auxquels il avait alors droit en vertu de ce plan s’étalant sur plusieurs années. Au lieu de cela, seulement 25 225 nouveaux résidents permanents sont arrivés au Québec cette année-là.
Les 18 775 résidents permanents manquants entre ceux prévus dans le cadre de l’objectif d’immigration de 2020 et ceux qui sont effectivement venus cette année-là sont maintenant ajoutés à l’allocation du Québec pour cette année.
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Cela pousse l’immigration au Québec à un niveau record, car le manque à gagner antérieur est maintenant ajouté aux 52 500 attributions pour cette année dans le cadre du plan pluriannuel.
Ce niveau d’immigration au Québec – s’il se concrétise – se traduira par 20 990 nouveaux résidents permanents de plus dans la province cette année qu’en 2021.
Le ministre québécois de l’Immigration s’attend également à une augmentation du nombre de travailleurs étrangers temporaires
L’augmentation de l’immigration au Québec intervient alors que la province s’attend également à une augmentation du nombre de travailleurs étrangers temporaires par rapport aux quelque 30 000 qui ont travaillé dans la province l’année dernière.
« Avec les demandes simplifiées et l’ajout de plusieurs professions, métiers qui bénéficieront d’un traitement accéléré pour l’immigration temporaire, il y aura certainement plus (de travailleurs étrangers temporaires au Québec) pour répondre aux demandes des entreprises québécoises », a déclaré M. Boulet.
Au début du mois, des groupes d’entreprises et d’industries du Québec ont fait pression sur la province pour qu’elle double presque l’immigration au Québec afin de résoudre les graves pénuries de main-d’œuvre dans la province.
Les groupes industriels s’accordent à dire que le Québec devrait accueillir 80 000 immigrants par an.
Véronique Proulx, présidente de l’association Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), aurait demandé que la province accueille jusqu’à 90 000 immigrants par an.
« Nous savons que les pénuries de main-d’œuvre ne peuvent être réglées en un clin d’œil et qu’il faudra une série de stratégies travaillant en tandem pour réduire l’impact du manque de travailleurs », a déclaré Mme Proulx dans un communiqué.
La semaine dernière, le MEQ et trois autres associations d’entreprises, le Conseil du Patronat du Québec (CPQ), la Fédération des Chambres de Commerce du Québec (FCCQ) et la Fédération Canadienne de l’Entreprise Indépendante (FCEI), ont fait pression sur les partis politiques provinciaux pour qu’ils prennent une série de mesures afin de résoudre la pénurie de main-d’œuvre.
L’immigration en faisait partie.
« Avec une élection provinciale au Québec (prévue le ou avant le 3 octobre), il est important pour nous d’informer les partis politiques de la nécessité de mettre en place des stratégies solides pour accroître le bassin de travailleurs et maintenir l’avantage concurrentiel du Québec », a déclaré Mme Proulx.
Le Parti Québécois veut mettre un frein à l’augmentation de l’immigration
À l’assemblée législative provinciale, le Parti Québécois (PQ) s’est toutefois opposé à toute forme d’augmentation massive de l’immigration.
Le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, souhaite plutôt un débat sur l’immigration « basé sur la science et non sur une idéologie ou de fausses prémisses ».
« Le simple fait de poser des questions sur l’augmentation des quotas d’immigration soulève des implications sur l’intolérance de ceux qui les soulèvent, ce qui crée une atmosphère qui n’est pas sereine », aurait-il déclaré.
La société québécoise doit prendre ses propres décisions en matière d’immigration et répondre par elle-même si oui ou non une plus grande immigration va effectivement créer plus de richesse et augmenter le PIB par habitant, a-t-il dit.
Le chef du PQ a également tenté de freiner l’immigration dans la province en février.
Lorsque le gouvernement fédéral a publié son plan d’immigration 2022-2024 dans lequel il révèle qu’Ottawa veut accueillir 431 645 résidents permanents cette année, 447 055 l’année prochaine et 451 000 en 2024, St-Pierre Plamondon a envoyé une lettre au premier ministre du Québec, François Legault, lui demandant si la province avait été consultée sur les nouveaux objectifs d’immigration du Canada.
Dans cette lettre, le chef du PQ a prévenu que des niveaux d’immigration plus élevés dans le reste du Canada pourraient réduire le poids du Québec sur la scène politique nationale.
« Le Québec est déjà en position d’être politiquement insignifiant dans le sens où pour devenir premier ministre du Canada, on n’a plus besoin de gagner le Québec », aurait déclaré le chef du parti séparatiste.
« Étant donné l’état fragile des francophones en Amérique du Nord, le fait de faire partie d’une structure politique qui n’a plus besoin de prendre en compte nos intérêts pour exercer le pouvoir, compte tenu de l’histoire de l’impérialisme et du colonialisme au Canada envers les francophones et les autochtones, l’avenir est sombre pour nous si nous continuons à faire partie du Canada. »