Le Premier ministre Justin Trudeau promet de travailler avec le Québec pour attirer davantage d’immigrants francophones alors que la province se prépare à une augmentation massive de l’immigration cette année pour compenser le manque de nouveaux arrivants pendant la pandémie de Covid-19.
« Nous sommes toujours en train de travailler avec le Québec pour améliorer (et) accélérer l’arrivée d’immigrants qui parlent français au Canada et au Québec », a déclaré Trudeau hier.
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Le premier ministre aurait décrit les travaux en cours entre Ottawa et la province comme se déroulant « très bien ».
Le Québec se prépare à accueillir 71 275 nouveaux résidents permanents en 2022
Le soutien de M. Trudeau à l’immigration dans la province francophone intervient alors que celle-ci se prépare à accueillir 71 275 nouveaux résidents permanents cette année, soit beaucoup plus que les 50 285 qui se sont installés dans la province l’an dernier. Cette hausse de 41,7 % de l’immigration au Québec – si elle se concrétise – est censée être ponctuelle et compenser la baisse de l’immigration dans la province en 2020.
Cette année-là, le Canada a vu l’immigration ralentir en raison de la fermeture des frontières et des restrictions liées à la santé publique en cas de pandémie. Le Québec n’a accueilli que 25 225 nouveaux résidents permanents sur les 44 000 que la province s’était attribuée dans le cadre de son plan d’immigration pluriannuel.
Ce plan prévoit maintenant 52 500 nouveaux résidents permanents au Québec cette année, mais le manque à gagner de 18 775 nouveaux résidents permanents il y a deux ans est ajouté au niveau d’immigration pour cette année, ce qui porte le total pour 2022 à 71 275.
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Le ministre québécois de l’Immigration, Jean Boulet, s’attend également à une augmentation du nombre de travailleurs étrangers temporaires dans la province cette année.
« Avec les demandes simplifiées et l’ajout de plusieurs professions, métiers qui bénéficieront d’un traitement accéléré pour l’immigration temporaire, il y aura certainement plus (de travailleurs étrangers temporaires au Québec) pour répondre aux demandes des entreprises québécoises », a déclaré M. Boulet.
Toutefois, ce plan de relance de l’immigration au Québec se heurte à l’arriéré de demandes qui doivent encore être traitées par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC).
L’arriéré de demandes de l’IRCC s’élevait à plus de 2,1 millions à la fin du mois d’avril
À la fin du mois d’avril, les responsables de l’IRCC ont admis que le ministère était confronté à un arriéré de plus de 2,1 millions de demandes de résidence temporaire et permanente et de citoyenneté au Canada.
Le bureau du premier ministre du Québec, François Legault, aurait critiqué les longs délais de traitement de l’IRCC et demandé à Ottawa de donner à la province le pouvoir de traiter elle-même les demandes de parrainage familial pour accélérer les choses.
« (Le gouvernement fédéral est) incapable de traiter, dans un délai raisonnable, les dossiers des personnes déjà sélectionnées par le Québec ! ». Le bureau de Legault aurait déclaré. « Nous réitérons notre demande : Rendez au Québec la gestion de la catégorie de la réunification familiale. »
Au Québec, un sondage interne réalisé pour le parti politique de Legault, la Coalition Avenir Québec, révèle que 42 % des répondants considèrent l’immigration non francophone dans la province comme la plus grande menace pour son patrimoine français.
Environ deux tiers des Québécois interrogés ont également déclaré que la limite annuelle de 50 000 immigrants dans la province devrait être maintenue ou abaissée et que la maîtrise du français devrait être une condition pour obtenir un certificat de sélection pour immigrer au Québec.
Les groupes d’entreprises qui font face à de graves pénuries de main-d’œuvre souhaitent toutefois que les niveaux d’immigration soient augmentés pour permettre à davantage de travailleurs de venir dans la province.
Véronique Proulx, présidente de l’association Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), aurait demandé que la province accueille jusqu’à 90 000 immigrants par an.
Des groupes d’affaires veulent que le Québec augmente l’immigration à 80 000 nouveaux résidents permanents par an
« Nous savons que les pénuries de main-d’œuvre ne peuvent pas être réglées en un clin d’œil et qu’il faudra une série de stratégies travaillant en tandem pour réduire l’impact du manque de travailleurs », a déclaré Mme Proulx.
Son association et trois autres groupes d’affaires, le Conseil du Patronat du Québec (CPQ), la Fédération des Chambres de Commerce du Québec (FCCQ) et la Fédération Canadienne de l’Entreprise Indépendante (FCEI), font pression sur les partis politiques provinciaux pour qu’ils prennent une série de mesures afin de résoudre la pénurie de main-d’œuvre.
Le consensus parmi les groupes d’affaires au Québec est que l’immigration devrait être augmentée à 80 000 nouveaux résidents permanents dans la province chaque année.
Le premier ministre dit comprendre la nécessité de résoudre les pénuries de main-d’œuvre au Québec.
« (Ottawa) reconnaît également que nous sommes confrontés à une pénurie de main-d’œuvre et que nous avons besoin de plus de gens », a déclaré M. Trudeau.