Malgré l’intervention stratégique du Canada visant à aligner les besoins du marché du travail sur la migration économique, les nouveaux arrivants éprouvent des difficultés à réussir sur le marché du travail au Canada.
Un rapport d’Emploi et Développement social Canada indique que les immigrants titulaires d’une formation universitaire étaient surreprésentés dans les secteurs peu et moyennement qualifiés, et sous-représentés dans les emplois hautement qualifiés.
Andrew Seale, du Globe and Mail, écrit que les nouvelles mesures d’immigration risquent de répéter certains de ces modèles antérieurs si des ajustements ne sont pas apportés à la fois au niveau de l’éducation et aux attitudes des employeurs et de la culture à l’égard des nouveaux arrivants.
Muraly Srinarayanathas, cofondateur et président du Computek College (un collège privé de formation professionnelle situé dans le sud de l’Ontario, qui propose aux nouveaux arrivants et aux immigrants de deuxième et troisième génération des formations dans des domaines hautement qualifiés tels que les affaires, la technologie et les soins de santé), affirme que le Canada a longtemps perçu l’immigration sous l’angle de l’expérience des réfugiés, qui se trouvent dans un état de désespoir, de survie et de lutte.
« Il y a aussi beaucoup d’immigrants hautement qualifiés, [avec] des titres de compétences étrangers, et je ne pense pas que le Canada serve ces différentes communautés de la bonne manière », dit-elle.
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« C’est une véritable opportunité manquée. »
Et ce, malgré la pénurie de talents qui pousse de plus en plus d’entreprises canadiennes à considérer les nouveaux arrivants comme une source de main-d’œuvre dont elles ont cruellement besoin.
« À l’heure actuelle, environ la moitié des nouveaux arrivants au Canada sont des migrants économiques », explique Pedro Barata, directeur exécutif du Centre des Compétences futures. « L’objectif est de 60 % d’ici 2025.
En fait, Ottawa – grâce à son programme d’Entrée express repensé lancé en mai – prévoit accueillir 465 000 nouveaux résidents permanents en 2023, 485 000 en 2024 et 500 000 en 2025.
Bien que cela constitue une divergence par rapport à l’approche historiquement « élitiste » du Canada en matière de migration économique, qui exige une formation universitaire, des compétences linguistiques et d’autres conditions, les perceptions négatives des immigrés ont permis leur exploitation par les employeurs.
Par exemple, un document de recherche de l’Université de l’Alberta datant de 2023 affirme qu’ils perçoivent des salaires inférieurs à ceux du marché et que leurs conditions de travail sont moins bonnes que celles des travailleurs nés au Canada.
« Bien que les immigrants qualifiés soient hautement qualifiés, professionnellement formés et économiquement motivés, ils sont confrontés, après leur arrivée au Canada, à des difficultés individuelles qui les empêchent de s’intégrer avec succès dans le marché du travail », indique le document.
Le Canada a désespérément besoin d’aide
Il est plus facile de résoudre les problèmes liés à l’accès à l’éducation que de changer les attitudes de la société, mais cela comporte ses propres pièges.
M. Srinarayanathas précise que pour certaines compétences, comme les soins infirmiers, les nouveaux arrivants peuvent commencer la procédure de demande de leur pays d’origine, puis passer l’examen au Canada afin d’acquérir les titres de compétences ou les titres professionnels requis.
Bien qu’il existe des voies d’accès telles que le processus d’étude d’impact sur le marché du travail, la plupart des hôpitaux ou des établissements de soins de santé embauchent des immigrants e tant qu’aides-infirmières afin qu’ils obtiennent les heures dont ils ont besoin pour obtenir leur résidence permanente.
Lorsqu’ils travaillent, ils ne sont pas censés étudier dans le cadre du processus d’EIMT. Cependant, ils doivent étudier pour se préparer à l’examen d’infirmière afin d’obtenir une RP.
Ce qu’il veut dire, c’est que même s’il existe certaines voies d’accès, elles sont très complexes. C’est contre-intuitif, car si le Canada a désespérément besoin de main-d’œuvre, le processus devrait être très simple.
La reconnaissance de l’expérience de travail acquise à l’extérieur du Canada est également essentielle, car de nombreux nouveaux arrivants sont négligés malgré leur présence à long terme sur le marché du travail simplement parce que cette présence s’est déroulée à l’extérieur du pays.
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La suppression de l’exigence d’expérience de travail au Canada permet aux nouveaux arrivants de décrocher des emplois qui correspondent à leurs titres de compétences.
Professional Engineers Ontario (PEO) a été la première organisation professionnelle à supprimer cette exigence, permettant ainsi aux nouveaux arrivants ayant une formation d’ingénieur de décrocher un emploi dans ce domaine.
« Au moment où vous commencez à passer le test, vous pouvez montrer que vous avez déjà pris un bon départ, ce qui est en fait très important pour accélérer l’intégration », explique Barata.
« Il s’agit d’un excellent cas de test que nous pourrions probablement appliquer à d’autres professions. »
Selon lui, le Canada serait incapable de demeurer compétitif ou de maintenir sa qualité de vie, son assiette fiscale et sa productivité à long et à court terme s’il ne comptait pas sur l’immigration. Il devient donc essentiel de contribuer à l’intégration des nouveaux arrivants dans l’économie canadienne le plus rapidement possible.