Ottawa doit embaucher plus de personnel et investir dans de meilleures technologies pour traiter les demandes d’immigration, car les retards dans l’arrivée de travailleurs qualifiés nuisent aux entreprises canadiennes, selon un groupe de réflexion spécialisé dans la mobilité de la main-d’œuvre.
«Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) devrait reprendre les niveaux de dotation normaux, car nous comprenons qu’un nombre important d’employés n’ont pas pu travailler pendant l’été 2020», recommande le Conseil canadien de la réinstallation des employés (CCRE).
Dans son dernier rapport, «L’impact des retards de traitement des permis de travail et des visas d’immigration sur les employeurs canadiens», l’organisation affirme que les équipes de traitement et d’examen d’IRCC devraient être élargies pour répondre à la demande économique canadienne et à un arriéré croissant de demandes.
«Bien qu’il semble que le gouvernement fasse des efforts pour réduire les délais de traitement des demandes initiales, cela n’a pas été uniforme dans tout le système», indique le rapport.
«Les demandes déposées fin octobre / début novembre 2020 ont été traitées, tandis que les demandes déposées avant cette date n’ont pas encore été traitées. On ne sait pas pourquoi les demandes antérieures restent en retard. »
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La CRCE demande une plus grande transparence et la création d’un programme d’employeurs de confiance pour s’assurer que les employeurs reçoivent un traitement efficace qui répond aux besoins des entreprises canadiennes. L’organisation est déjà en pourparlers avec Ottawa sur la création d’un tel programme depuis des années.
De nombreux employeurs canadiens sont prêts à payer une prime pour avoir un accès plus rapide aux travailleurs immigrants qualifiés, car le délai de traitement des travailleurs étrangers temporaires est actuellement d’environ quatre mois, affirme la CRCE.
«Lorsqu’on leur a demandé s’ils seraient prêts à payer des frais supplémentaires pour le traitement accéléré des demandes, allant de 10 à 25 pour cent au-dessus des frais de traitement actuels… pour couvrir les coûts supplémentaires des gouvernements… 89 pour cent des répondants ont répondu favorablement», rapporte la CRCE.
En plus d’embaucher plus de personnel, Ottawa devrait également prendre des mesures pour améliorer la technologie utilisée pour suivre et fournir des informations à la minute sur l’état des demandes d’immigration, déclare l’organisation.
«Dans 83% des organisations, les projets annulés ou retardés sont la conséquence la plus courante des retards», note le rapport. «Si ce n’est pas réglé, l’augmentation des délais de traitement est susceptible d’avoir un impact négatif sur nos opérations commerciales au cours de l’année prochaine.»
Cinq secteurs
Les entreprises et organisations membres de la CRCE et qui ont participé à son enquête pour ce rapport proviennent principalement de cinq secteurs:
- La technologie
- Fabrication et produits manufacturés
- Gouvernement / Santé / Education
- Ressources naturelles, et;
- Services de construction / ingénierie.
Quarante-quatre pour cent d’entre eux ont déclaré utiliser des programmes d’immigration économique pour pourvoir des emplois. La moitié de ces employeurs recrutent plus de 30 travailleurs étrangers temporaires chaque année.
Dans son rapport, la CRCE demande également à Ottawa de renoncer à l’obligation pour les immigrants de fournir des données biométriques dans les pays où les centres de demande de visa ont été fermés. Le gouvernement fédéral a déjà pris des mesures dans ce sens.
Le 22 septembre, le gouvernement canadien a annoncé que les demandeurs de résidence permanente qui fournissaient auparavant des données biométriques au cours des 10 dernières années n’auraient plus besoin de le faire à nouveau en raison de la fermeture des CRDV en raison de la pandémie mondiale de Covid-19.
«Il y a une incertitude quant à la date à laquelle l’ensemble des services de collecte biométrique au Canada et à l’étranger rouvrira et fonctionnera à pleine capacité», a annoncé IRCC dans un communiqué.
«Entre-temps, il existe un nombre croissant de demandes de résidence permanente qui ne peuvent pas être finalisées parce que les candidats ne sont pas en mesure de satisfaire aux exigences biométriques.»
Exemption des données biométrique
La décision de renoncer à la biométrie pour les demandeurs de résidence permanente fait suite à une décision prise par le gouvernement en juin de renoncer à la nécessité de soumettre des données biométriques pour certains – mais pas tous – les travailleurs étrangers temporaires.
Cette exemption s’appliquait aux professions dans les domaines suivants:
- Agricole et agroalimentaire;
- Santé, et;
- Conducteur de camion.
La dernière recommandation de la CRCE est qu’Ottawa renonce à la biométrie pour tous les pays où les Centre de réception des demandes de visa (CRDV) sont fermés, ou recueille simplement la biométrie au point d’entrée.
Malgré son appel à des délais de traitement plus rapides, le groupe de réflexion avertit également Ottawa d’éviter de couper les coins ronds en matière de sécurité publique pendant la pandémie.
«Nous encourageons le gouvernement à utiliser les outils scientifiques disponibles pour surveiller la propagation de Covid-19 avec les voyages et à élargir les programmes tels que le pilote de test de l’Alberta et à utiliser des kits de test Covid de type à résultat rapide pour s’assurer que les voyageurs sont correctement contrôlés à l’arrivée, »Déclare l’organisation.
«Le fait d’avoir des critères d’exemption de quarantaine plus concrets (y compris des critères de test avant et après l’arrivée) pourrait également aider à réduire la possibilité pour les personnes qui satisfont aux exigences d’exemption de quarantaine de propager par inadvertance Covid-19 au Canada.»