Les entreprises souffrent au Canada parce que les employeurs ne sont pas en mesure de faire venir des travailleurs qualifiés assez rapidement en raison de l’arriéré des demandes à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), affirme une association qui promeut la mobilité internationale de la main-d’œuvre.
« Il y a une véritable dichotomie entre le message du gouvernement (c’est-à-dire les efforts pour attirer les travailleurs étrangers au Canada) et la réalité une fois que les candidats passent par le processus », affirme le Conseil canadien de relocalisation des employés (CCRE) dans un rapport.
« Ce n’est pas une bonne expérience ».
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Dans son rapport d’enquête : Impact of Processing Delays of Work Permits and Business Visas on Canadian Employers, l’organisation demande à Ottawa d’améliorer les délais de traitement des demandes auprès de l’IRCC.
« Les employeurs qui recrutent des talents internationaux hautement qualifiés veulent voir un programme qui offre des exemptions d’évaluation de l’impact sur le marché du travail (EIMT) et qui accélère le traitement des demandeurs dans les professions à forte demande », note le rapport.
Les employeurs canadiens en ont tellement assez des retards dans le traitement des demandes d’immigration que la plupart d’entre eux sont maintenant prêts à payer une prime pour un service plus rapide.
« Lorsqu’on leur a demandé s’ils seraient prêts à payer des frais supplémentaires pour le traitement accéléré des demandes, allant de 10 % à 25 % au-dessus des frais de traitement actuels (par exemple, pour couvrir les coûts supplémentaires du gouvernement), 73 % des répondants ont répondu favorablement », note le rapport.
L’organisation souhaite également que les grands employeurs canadiens qui ont accès aux volets du Programme de mobilité internationale (PMI), qui comprendrait le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), puissent compter sur des délais de traitement des demandes efficaces et prévisibles.
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Le CCRE souhaite que les responsables de l’immigration canadienne embauchent et forment davantage de personnel et mettent en place de nouvelles plateformes technologiques afin de moderniser ce que l’organisation considère comme un système de traitement obsolète. L’organisation souhaite également que l’IRCC mette en place un programme d’employeurs de confiance qui permettrait aux employeurs d’accéder plus facilement à des talents internationaux qualifiés.
Les responsables de l’immigration affirment toutefois qu’une grande partie de ces mesures sont déjà en cours de réalisation.
« L’IRCC s’oriente vers un environnement de travail plus intégré, modernisé et centralisé afin d’aider à accélérer le traitement des demandes à l’échelle mondiale », a déclaré Peter Liang, porte-parole de l’IRCC, en juin.
Pour soutenir le traitement et l’établissement de nouveaux résidents permanents au Canada dans le cadre du Plan des niveaux d’immigration du Canada, le gouvernement s’est engagé à verser 2,1 milliards de dollars sur cinq ans et 317,6 millions de dollars permanents en nouveaux fonds dans le budget 2022.
L’IRCC affirme qu’elle est déjà en train de se moderniser et de traiter les demandes plus rapidement
« Soutenus par un financement supplémentaire de 85 millions de dollars provenant de la Mise à jour économique et financière 2021, nous poursuivons nos efforts pour réduire les stocks de demandes accumulés pendant la pandémie. Ce financement s’appuie sur le travail déjà accompli pour réduire les temps d’attente, comme l’embauche de nouveaux employés de traitement, la numérisation des demandes et la mise en œuvre de solutions technologiques telles que l’admission numérique et l’analyse avancée. »
C’était en juin. Depuis lors, l’arriéré de demandes de l’IRCC n’a fait qu’augmenter, atteignant 2,62 millions à la mi-juillet, en partie à cause d’une augmentation massive de la demande de visas temporaires avec le lancement de l’Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine (AVUCU) le 17 mars.
Tous les employeurs interrogés dans le cadre du rapport ont reconnu que les talents internationaux sont importants pour leur entreprise.
« Lorsque nous ne pouvons pas trouver les talents au Canada pour développer notre entreprise à l’échelle mondiale, nous nous appuyons fortement sur les diverses options de permis de travail/résidence permanente pour combler les lacunes en matière de compétences au Canada », a répondu un répondant au sondage.
Les trois principales compétences recherchées par les employeurs dans le cadre des programmes d’immigration canadiens sont les cadres supérieurs, les travailleurs qualifiés et les gestionnaires de projet, dont beaucoup possèdent de solides compétences en technologies de l’information.
« Les professeurs d’université, les boursiers de doctorat et les professeurs invités sont également très demandés et transférés au Canada dans le cadre de ces programmes à hauteur de 38 % », note le rapport.
Ottawa et les provinces doivent mieux communiquer
« Les autres professions en demande comprennent les concepteurs créatifs, les directeurs artistiques et les directeurs et associés de production, ainsi que les professions techniques avec des connaissances spécialisées qui ne nécessitent pas de diplômes universitaires. »
Parmi les autres problèmes, les employeurs ont souligné le manque de coordination et de communication entre les gouvernements fédéral et provinciaux sur les questions liées à l’immigration.
« Un exemple de cela est l’impôt sur la spéculation des non-résidents (ISNR) », a déclaré un répondant à l’enquête. « La ISNR s’applique aux travailleurs dont la résidence principale se trouve en Ontario (pas d’achat d’immeubles en copropriété) et l’allégement n’est accordé que lorsqu’ils obtiennent la résidence permanente. »
Selon le CCRE, l’immigration est d’une importance vitale pour reconstruire l’économie canadienne.
« À mesure que les taux de vaccination augmentent et que les infections graves au COVID-19 diminuent, la mobilité et les voyages augmentent et la capacité du Canada à gérer les taux accrus de voyages et de demandes de visa […] sera essentielle pour l’économie canadienne », indique le rapport.
Face aux inquiétudes croissantes concernant une récession au Canada, les économistes et les experts en politique s’accordent à dire qu’une stratégie clé pour se remettre de la pandémie et survivre à une récession est l’arrivée d’immigrants.
« La réaffectation des ressources, la modernisation des systèmes par une meilleure utilisation de la technologie et l’examen de voies de traitement accéléré, comme un programme d’employeurs de confiance, sont des mesures qui devraient être adoptées de toute urgence. »