Le gouvernement conservateur a apporté de nombreux changements à la politique d’immigration depuis son arrivée au pouvoir en 2006. Le Premier ministre Stephen Harper a dit que le gouvernement a « ciblé systématiquement l’immigration au cours des dernières années sur le développement économique et sur plusieurs besoins à long terme du marché du travail. »
L’année 2015 devrait voir des changements majeurs dans l’immigration – que ce soit le lancement de nouveaux programmes ou un changement dans le profil recherché des immigrants, en fonction des développements à l’étranger. Présentés ci-dessous sont les cinq principales tendances de l’immigration que le Canada peut s’attendre à voir en 2015:
1. Le programme Entrée Express pour les travailleurs qualifiés
Lancé le 1er Janvier, le nouveau programme Entrée Express fournit la résidence permanente aux immigrants hautement qualifiés qui viendront pallier aux pénuries de compétences du pays et répondront aux exigences d’emploi affichées par les différents employeurs canadiens.
Chris Alexander, le ministre de l’Immigration du Canada, a dit que le programme d’entrée Express a été un programme de priorité pour lui cette année.
Toutes les provinces, sauf le Québec feront partie du programme Entrée Express, où le gouvernement fera correspondre les employeurs avec les immigrants hautement qualifiés les plus appropriés. Toutes les deux à trois semaines, un tirage au sort aura lieu, où le gouvernement invitera les candidats de plus haut rang à demander la résidence permanente. L’application ne nécessite pas de niveau minimum de points pour la qualification, mais une offre d’emploi permanent à temps plein validée d’un employeur canadien permettra d’accroître considérablement le classement d’un candidat.
Les employeurs continueront cependant d’avoir à prouver qu’ils ont considéré les Canadiens avant d’utiliser le système d’Entrée Express pour embaucher des étrangers.
Les critiques du système d’Entrée Express sont préoccupés par l’efficacité du réseautage d’emploi entrepris par le gouvernement et se méfient aussi de la façon peu transparente par laquelle le système fonctionnera.
2. Programme des aides familiaux étrangers
Le programme des aides familiaux étrangers a subi plusieurs révisions majeures imposées par le gouvernement. Selon les nouvelles règles, il est maintenant facultatif pour les personnes aidantes de vivre avec leurs employeurs. Le gouvernement a également mis un plafond sur le nombre de personnes à qui on attribuera des visas de travail dans deux nouvelles catégories.
Les changements ont pour la plupart été bien accueillis par les communautés concernées, cependant les groupes représentant les aides philippins ont exprimé leur déception concernant de la nouvelle règle selon laquelle les candidats de ce programme ne recevront pas la résidence permanente en arrivant et devront plutôt attendre deux ans afin de se qualifier pour la résidence permanente.
Actuellement, il y a 60 000 demandes en instance dans le cadre du programme des aides familiaux. Le gouvernement vise à effacer environ 47 500 applications de l’arriéré actuel d’ici la fin de 2015.
3. Modifications dans la Loi sur la citoyenneté
Dès cette année, le gouvernement augmentera les frais de demande de citoyenneté canadienne à 530 $ par demandeur adulte. L’augmentation des frais générera un chiffre d’affaires supplémentaire de 60 millions de dollars pour le gouvernement en 2015.
En plus de la hausse des frais, le gouvernement a également promis d’améliorer de manière significative le temps de traitement des demandes de citoyenneté.
Plusieurs modifications ont été apportées à la Loi sur la citoyenneté en 2014, dont certaines sont tombées sous le feu de l’Association du Barreau canadien. L’année 2015 est susceptible de voir certains de ces changements controversés à la Loi entrer en vigueur.
Une disposition controversée permet au gouvernement de révoquer la citoyenneté de citoyens ou résidents permanents ayant la double nationalité, au cas où ils auraient été trouvés à avoir pris les armes avec des groupes engagés dans un conflit armé contre le Canada ou s’ils sont reconnus coupables d’infractions de terrorisme, de trahison ou d’espionnage. Environ 93 personnes « à haut risque » sont déjà surveillées, selon la Gendarmerie royale du Canada.
Enfin, le gouvernement détient désormais le droit de refuser la citoyenneté canadienne à toute personne ayant des accusations criminelles nationales ou étrangères déposées contre elle.
4. L’immigration des réfugiés de la Syrie
La crise actuelle en Syrie a conduit à un grand nombre de réfugiés en quête d’asile dans le monde entier. Le Canada s’est engagé officiellement à prendre 1300 réfugiés syriens à la fin de 2014, mais le gouvernement a été critiqué par des groupes de l’immigration pour avoir omis de tenir cette promesse.
Toutefois, le ministère canadien de l’Immigration a réfuté cette accusation, à travers son porte-parole, Kevin Ménard, en déclarant: « Nous avons approuvé plus de 1 200 réfugiés en vertu de l’engagement du 1300 et 1063 sont déjà ici, au Canada. Le reste se rendra dans les prochaines semaines. Nous continuerons à travailler rapidement pour respecter cet engagement et nous aurons plus à dire à ce sujet dans les prochaines semaines. »
L’Organisation des Nations Unies a exhorté le Canada à prendre un nombre supplémentaires 10 000 réfugiés syriens dans les deux prochaines années. Cette demande suit un appel mondial des Nations Unies pour aider à la réinstallation d’environ 100 000 réfugiés syriens qui fuient l’escalade de la violence dans leur pays.
5. Les soins de santé pour les réfugiés
Suite à une ordonnance de la cour, qui a déclaré les modifications fédérales au financement des soins de santé des réfugiés « inconstitutionnelles », le gouvernement canadien a rétabli la couverture des soins de santé aux réfugiés, temporairement. La Cour fédérale avait dit que les compressions budgétaires dans le programme étaient « un traitement cruel et inusité ».
Le ministre de l’Immigration, Chris Alexander, a réagi à l’ordonnance du tribunal, en disant: « Nous faisons cela parce que le tribunal nous a ordonné de le faire. Nous respectons cette décision, tout en n’étant pas en accord avec elle. » Selon Alexander, le coût de la restauration de la couverture des soins de santé pour les réfugiés coûtera au gouvernement 4,000,000$, alors qu’elle bénéficiera à moins de 1000 réfugiés.
Toutefois, le gouvernement a été mené à la cour par trois groupes : l’Association canadienne des avocats des réfugiés, les médecins canadiens pour les soins aux réfugiés et la justice pour les enfants et les jeunes, qui sont l’ont accusé de ne pas se conformer à l’ordonnance du tribunal. La motion sera entendue par la Cour fédérale le 27 Janvier.