Le 8 juin 2018 – L’image d’un enfant syrien étendu sans vie sur une plage méditerranéenne a aidé les libéraux de Justin Trudeau à remporter les élections fédérales de 2015 au Canada. La nouvelle que la famille du jeune Alan Kurdi s’était vu refuser l’entrée au Canada en tant que réfugiés par le gouvernement conservateur précédent a balayé le pays. Quelques semaines plus tard, le règne de Stephen Harper en tant que premier ministre était terminé. Les libéraux de Trudeau ont remporté une victoire écrasante au pouvoir avec une promesse, accomplie depuis lors, d’accueillir 25 000 réfugiés syriens.
Le message de Trudeau à l’époque était qu’une nature compatissante et accueillante faisait partie de l’identité nationale du Canada. Le public a accepté, lui donnant le mandat d’adopter un programme d’immigration plus active, permettant éventuellement à plus de 40 000 réfugiés syriens d’entrer au Canada jusqu’à 2017.
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Après deux ans et demi, cette nature d’accueil compatissante est mise à l’épreuve. Les données indiquent que le gouvernement fédéral n’a pas encore le contrôle de la frontière canado-américaine, alors que des milliers de demandeurs d’asile tentent d’échapper à la répression de l’immigration américaine de Donald Trump. À mesure que les chiffres augmentent en 2018, avec plus de 2 500 interceptions de frontaliers irréguliers en avril, le soutien à l’ordre du jour populiste s’accompagne de plus en plus d’arrestations. En Alberta, en Ontario et au Québec, où des élections provinciales sont prévues pour cette année, les politiciens populistes se situent en tête des sondages sur l’intention des électeurs.
Interceptions de la GRC entre des points frontaliers reconnus
Provinces | Jan | Fév | Mar | Avr | Total |
Nouveau-Brunswick | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 |
Québec | 1,458 | 1,486 | 1,884 | 2,479 | 7,307 |
Ontario | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 |
Manitoba | 18 | 31 | 53 | 50 | 152 |
Saskatchewan | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 |
Alberta | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 |
Colombie -Britannique | 41 | 48 | 33 | 31 | 153 |
Total | 1,517 | 1,565 | 1,970 | 2,560 | 7,612 |
Source : Gouvernement du Canada
Au moment où Trump a pris ses fonctions et a imposé des politiques d’immigration restrictives en commençant par interdire l’immigration musulmane aux États-Unis, le tweet célèbre de Trudeau en janvier 2017 disait aux immigrants que « les Canadiens vous recevront, peu importe votre foi ». Les réfugiés aux États-Unis qui attendaient la clarification de leurs statuts, ont commencé à se diriger vers le nord.
Après le premier tweet de Trudeau en 2017, 20 000 demandeurs d’asile sont entrés au Canada en provenance des États-Unis. À l’arrivée de l’hiver, les chiffres ont diminué. Cependant, la dernière vague ayant porté le total à plus de 8 000 interceptions en 2018, la situation crée de nouveau des difficultés pour les libéraux.
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On s’attend à plus de problèmes alors que 350 000 étrangers aux Etats-Unis devraient perdre leur SPT dans les mois à venir. Une autre répression de Trump verra les Nicaraguayens, les Haïtiens et les Salvadoriens face à la déportation en 2019 s’ils ne peuvent pas obtenir un statut permanent aux Etats-Unis.
Parmi tous les demandeurs d’asile au Canada l’an dernier, le groupe le plus important était celui des Haïtiens. Beaucoup sont venus après que le président Trump a retiré leur « statut de protection temporaire » qu’ils avaient reçu après un tremblement de terre dévastateur en Haïti en 2010. Cette année, les Nigérians qui entrent aux États-Unis avec un visa de visiteur valide arrivent en tête du classement. La plupart se dirigent ensuite vers le nord le long de l’autoroute 87, où le plus grand nombre arrive au Québec par Roxham Road, à Hemmingford, le poste frontalier «non officiel» le plus populaire au Canada. Les aspirants demandeurs d’asile réussissent à entrer au Canada par les points d’entrée non couverts par l’accord bilatéral sur les tiers pays sûrs, entre le Canada et les États-Unis.
La fin du statut temporaire protégé
Pays | Les personnes touchées | Date de fin de TPS |
Nicaragua | 5,300 | Le 5 janvier 2019 |
Haïti | 59,000 | Le 22 juillet 2019 |
Le Salvador | 200,000 | Le 9 septembre 2019 |
Honduras | 86,000 | Juillet 2018 |
Plusieurs appels ont été lancés pour que le Canada suspende l’accord de 2004, qui oblige un demandeur d’asile à présenter sa demande dans le premier pays sûr où il arrive. Mais des milliers de frontaliers profitent d’une faille juridique : l’accord ne s’applique qu’à ceux qui viennent par avion ou qui traversent l’un des 119 ports d’entrée officiels. S’ils se présentent à des points non officiels et réclament l’asile, le Canada, en vertu du droit international, doit les laisser entrer, pendant qu’il traite leurs demandes.
Affirmer le contrôle commence par une discussion difficile. Éviter les postes frontaliers « n’est pas un billet gratuit pour le Canada », a récemment déclaré le ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale. Les demandeurs d’asile seront arrêtés avant que les autorités examinent leurs demandes, a-t-il averti. La rhétorique n’est cependant pas suffisante.
Le message pour les libéraux au pouvoir de Trudeau est clair : prendre le contrôle de nos frontières poreuses, ou tout comme la politique des réfugiés qui les a aidés à être élus, cela pourrait aussi les faire expulser par un électorat en colère en 2019. Le changement du discours des libéraux est la preuve qu’ils comprennent ce dilemme.
Le moyen le plus sûr de résoudre le problème serait de combler cette lacune. Le Canada pourrait créer de nouveaux postes frontaliers temporaires officiels et refuser la protection aux demandeurs qui entrent au pays. Les autorités ont proposé d’autres options aux États-Unis qui ont besoin de leur soutien. Mais Trump est peu susceptible d’approuver un plan qui maintiendra les demandeurs d’asile aux États-Unis. Trudeau pourrait bientôt souhaiter lui aussi construire un mur.
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