Un article publié dans le Journal de la migration internationale et de l’intégration révèle que décrocher un emploi bien rémunéré au Canada en tant que travailleur étranger temporaire avant d’immigrer dans le pays se traduit souvent par un revenu plus élevé pour les immigrants une fois qu’ils ont obtenu leur résidence permanente.
Les chercheurs Garnett Picot et Feng Hou ont noté ce lien et en ont discuté dans leur article intitulé The Effect of Pre immigration Canadian Work Experience on the Returns to Human Capital Among Immigrants , (L’effet de l’expérience professionnelle canadienne avant l’immigration sur les rendements du capital humain chez les immigrants) qui a été publié le 10 mars.
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« Cette étude révèle que parmi les demandeurs principaux de la catégorie économique qui ont été admis au Canada de 2000 à 2015, les rendements économiques de l’éducation et de l’expérience de travail à l’étranger étaient significativement plus élevés pour les immigrants économiques ayant des revenus canadiens élevés avant l’immigration que pour ceux ayant de faibles revenus avant l’immigration au Canada – et, en particulier, pour ceux qui n’avaient aucune expérience de travail au Canada avant l’immigration.
La croissance du processus de sélection des immigrants en deux étapes a augmenté les revenus des immigrants
« Ce résultat a été observé après avoir contrôlé les caractéristiques sociodémographiques, et a été maintenu à court, moyen et long terme après l’arrivée. Le résultat s’est également maintenu parmi les immigrants économiques des pays occidentaux développés et des pays en développement. »
Le Canada offre un processus de sélection des immigrants en deux étapes qui est devenu de plus en plus important au cours des deux dernières décennies.
« Dans la première étape, les employeurs canadiens jouent un rôle majeur dans le recrutement et l’évaluation des travailleurs étrangers temporaires, qui peuvent être titulaires de permis de travail dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), titulaires de permis de travail dans le Programme de mobilité internationale (PMI), étudiants étrangers ayant un emploi et autres résidents temporaires employés », notent les chercheurs.
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Dans la deuxième étape, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) décide du nombre des travailleurs étrangers temporaires admissibles en tant que résidents permanents.
Avec l’utilisation croissante au Canada de ce processus de sélection des immigrants en deux étapes, la proportion de nouveaux immigrants ayant une expérience de travail au Canada avant l’immigration a grimpé en flèche au cours des dernières décennies.
« En 2000, huit pour cent des immigrants économiques avaient des revenus au Canada avant leur immigration, passant à 46 % en 2018.Parmi les demandeurs principaux de la catégorie des immigrants économiques, la part des revenus au Canada est passée de 12 % à 59 % », notent les chercheurs.
Ils attribuent cette croissance de l’expérience de travail au Canada avant l’immigration à la transition vers le Programme des candidats des provinces (PCP) et le programme de la Catégorie de l’expérience canadienne (CEC) qui ciblent les travailleurs étrangers temporaires ainsi qu’à la hausse de la part des immigrants admis dans le cadre de différents programmes ayant été auparavant des travailleurs étrangers temporaires
Ce système de sélection des immigrants en deux étapes a été une bénédiction pour les immigrants, leur permettant de gagner plus d’argent une fois qu’ils ont immigré au Canada.
Les revenus des immigrants ont augmenté de 32 % entre 2000 et 2016
« Les revenus moyens gagnés par les hommes immigrants économiques au cours de la première année complète ont augmenté de 23 % entre les cohortes d’admissions de 2000 et de 2016 et de 32 % pour les femmes », notent les chercheurs.
L’augmentation de la capacité de gain n’a toutefois pas été répartie de manière égale entre tous les immigrants au Canada. Dans leur étude, Picot et Hou révèlent que 94 % des revenus les plus élevés des immigrants sont allés à ceux qui avaient déjà des salaires plus élevés au Canada avant de devenir résidents permanents.
« L’augmentation du nombre d’immigrants qui étaient auparavant des travailleurs étrangers temporaires avec des revenus élevés a été plus importante que tout autre facteur pour expliquer l’amélioration de la situation économique des immigrants », notent-ils.
Ces immigrants étaient également plus susceptibles de décrocher des emplois en devenant résidents permanents au Canada.
Les ressortissants étrangers qui gagnent plus que les autres en décrochant d’abord des emplois mieux rémunérés en tant que travailleurs étrangers temporaires au Canada, puis en immigrant dans le pays et en obtenant ensuite des emplois mieux rémunérés, pourraient tout simplement être ceux qui occupent des emplois hautement qualifiés, suggèrent les chercheurs.
« Une étude antérieure portant sur les revenus annuels des travailleurs étrangers temporaires dans différentes professions a conclu qu’il existe une forte corrélation entre les revenus annuels élevés et le fait d’exercer une profession hautement qualifiée », notent-ils.
« La demande sur le marché du travail canadien est généralement plus élevée pour les travailleurs hautement qualifiés que pour les travailleurs moins qualifiés (leur taux de chômage est en effet beaucoup plus faible). Par conséquent, parmi les immigrants économiques ayant une expérience professionnelle au Canada avant l’immigration, les employeurs peuvent être plus disposés à reconnaître et à rémunérer l’expérience professionnelle et la formation acquises à l’étranger par les travailleurs plus qualifiés que par les travailleurs moins qualifiés. »