Les consultants en éducation et en immigration trompent les étudiants étrangers en leur faisant croire qu’étudier dans des établissements postsecondaires au Canada est une voie garantie pour devenir résident permanent, avertissent les sénateurs et les experts en immigration.
Ratna Omidvar, Hassan Yussuf, Sabi Marwah et Yuen Pau Woo ont publié un rapport sur le programme fédéral pour les étudiants étrangers, avertissant qu’il n’y a pas assez de places de résidence permanente (RP) pour répondre au nombre croissant d’étudiants étrangers venant au Canada.
Le rapport, intitulé « Renforcer l’intégrité du programme canadien pour les étudiants étrangers », conseille ensuite à Ottawa de veiller à ce que le processus RP reste compétitif afin de filtrer uniquement les meilleurs étudiants étrangers.
Il a également demandé au gouvernement du Canada d’empêcher les consultants en éducation (qu’ils financent pour recruter des étudiants étrangers) d’exagérer la facilité d’obtention du permis de travail canadien après l’obtention du diplôme.
Il arrive que des étudiants étrangers se voient refuser un permis parce que leur établissement n’est pas un établissement d’enseignement désigné (EED).
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La pause PTPD du Canada pour les étudiants étrangers est prolongée jusqu’en décembre 2023
Ceci est dû au fait qu’ils n’ont pas été correctement informés des conséquences de la fréquentation d’un établissement d’enseignement non désigné, ce qui les a amenés à venir au Canada dans l’espoir d’obtenir un permis de travail postdiplôme (PTPD).
D’autres fois, ils sont conduits dans le pays avec de fausses lettres d’acceptation ou inscrits dans des programmes qui ne sont pas admissibles pour un PTPD.
« Les programmes proposés par les établissements publics doivent répondre à certaines exigences pour que les étudiants étrangers puissent bénéficier d’un PTPD, tandis que les programmes proposés uniquement par des établissements privés ne sont pas du tout admissibles aux PTPD », écrit le rapport.
« Les étudiants étrangers qui font appel à des agents ne sont souvent pas conscients de ces subtilités et découvrent la mauvaise nouvelle lorsqu’il est trop tard. »
Selon le Globe and Mail, le ministre de l’immigration, Marc Miller, a déclaré que les étudiants étrangers sont des atouts pour l’avenir du Canada, mais qu’il doit y avoir une répression contre les consultants en immigration qui leur donnent de faux espoirs de venir dans le pays.
Le rapport accuse non seulement les consultants, mais aussi le gouvernement fédéral de « perpétuer un sentiment d’espoir exagéré » chez les étudiants étrangers.
On y lit que « Si le gouvernement canadien fait preuve d’honnêteté en soulignant les avantages des études au Canada en matière d’immigration, il pourrait peut-être faire davantage pour être plus direct quant à la nature hautement compétitive de la procédure de demande de résidence permanente. »
Selon les projections d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), le nombre d’étudiants étrangers demandant à venir au Canada chaque année atteindra 1,4 million d’ici 2027, selon un document de politique interne.
En 2023, 900 000 étudiants étudieront au Canada.
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Une enquête menée en 2021 auprès des étudiants du Bureau canadien de l’éducation internationale a révélé que 73 % des répondants prévoyaient de demander un permis de travail postdiplôme et 59 % prévoyaient de demander la résidence permanente.
Toutefois, le rapport des sénateurs souligne que tous les étudiants étrangers ne pourront pas réaliser leur rêve de rester au Canada après l’obtention de leur diplôme. En effet, si le nombre de résidents permanents admis dans le pays chaque année est plafonné, il n’en va pas de même pour le nombre de résidents temporaires – y compris les travailleurs et les étudiants – admis dans le pays.
L’un des sénateurs – Omidvar – a déclaré dans une interview qu’il devenait de la responsabilité du gouvernement fédéral de communiquer directement avec les étudiants étrangers sur les conditions de travail et de séjour au Canada, afin de contrer la « désinformation » des consultants en éducation.
« Il incombe au gouvernement fédéral de communiquer avec les étudiants. Lorsque le visa est délivré, il devrait être accompagné d’une lettre », a-t-elle déclaré.