Le système de points d’immigration du Canada a été introduit en 1967 comme méthode de lutte contre la discrimination et les préjugés du processus de choix des immigrants. Ce système a toujours essentiellement ignoré l’ethnie et le pays d’origine d’un candidat, donnant ainsi aux minorités une chance égale à celle de leurs homologues caucasiens. Le système de points récompense l’éducation, la maîtrise de l’anglais ou du français et l’expérience de travail. Il a permis à la démographie immigrante du Canada de changer radicalement. Dirigée par la Chine, les Asiatiques ont remplacés les Européens blancs en tant que groupe d’immigrants dominants.
L’idée derrière le système de points était visionnaire. Plusieurs pays, dont l’Australie, la Nouvelle-Zélande et Singapour, ont adopté le système de style canadien. Ces pays ont depuis pris la tête de la gestion d’un programme d’immigration robuste, en introduisant un modèle de sélection axé sur les employeurs. Le 1er janvier 2015, le Canada a essayé de suivre le mouvement avec l’introduction de son nouveau système d’immigration Entrée Express. Mais comme cela est le cas depuis que les conservateurs sont arrivés au pouvoir en 2006, le Canada n’est plus le chef de la politique dans le secteur de l’immigration.
Même aujourd’hui, alors que la plupart des pays européens et les États-Unis cherchent des façons de fermer leurs portes aux immigrants, le Canada a récemment levé son objectif de nouveaux résidents permanents de 265 000 par an pour 285 000. Cependant, la politique canadienne est en train de changer et après leur arrivée au pouvoir en 2006, les conservateurs ont déplacé leur attention uniquement vers les candidats avec des offres d’emploi. Le nouveau système d’entrée exoress augmente considérablement le poids accordé à des offres d’emploi pour les personnes qui souhaitent devenir résidents permanents.
La Nouvelle-Zélande et l’Australie ont commencé à donner la préférence aux titulaires d’emplois en 2003 et 2009 respectivement. Les critiques craignent qu’avec le passage à une politique fondée sur la logique économique, le Canada rende le système plus vulnérable à la fraude et à la discrimination.
Le système original n’était pas sans ses défauts. Bien que les immigrants échappaient à la discrimination aux portes d’entrée, ils y étaient souvent confrontés au cours de leur recherche d’emploi. En outre, les employeurs ne reconnaissaient pas toujours les compétences et l’éducation acquises à l’étranger, en particulier hors de l’Europe. Cela a conduit à-ce que des médecins d’Asie et d’Europe de l’Est deviennent des chauffeurs de taxis et des architectes travaillent dans des dépanneurs. Aujourd’hui, le taux de chômage chez les immigrants est presque 50% plus élevé que celui des travailleurs nés au Canada. Mais ces chiffres ne reflètent pas les admissions actuelles au Canada.
Les systèmes basés sur les employeurs visent à réduire l’inadéquation entre les emplois disponibles et les compétences des immigrants, et à les inciter à s’installer en dehors des grandes villes comme Toronto, Vancouver et Montréal, où la majeure partie de la population immigrante du Canada s’installe.
Initialement, le gouvernement a essayé de plaire aux employeurs en augmentant considérablement le nombre de travailleurs étrangers admis temporairement dans une tentative d’occuper des emplois peu ou semi-qualifiés que les Canadiens ne veulent pas. Cependant, des problèmes ont surgi quand au lieu de discriminer les immigrants, les employeurs ont tenté par tous les moyens de les embaucher à moindre coût.
Le système d’Entrée Express classe les immigrants économiques sur une échelle de 1200 points, avec 600 points attribués à ceux qui ont une offre d’emploi ou une nomination en vertu de l’un des programmes d’immigration provinciaux du Canada. Ceux qui ont les scores les plus élevés seront invités à présenter une demande de résidence permanente dans l’un des trois programmes d’entrée économique. Le reste demeurera dans un bassin à partir duquel le gouvernement et les employeurs pourront éventuellement choisir à leur guise. La croyance est que ce nouveau système aidera à attirer les ingénieurs, les techniciens de l’information et les travailleurs de la santé dont le Canada a besoin.
Les modifications portent sur les problèmes antérieurs en exigeant que les candidats prouvent à l’avance que leurs crédits sont reconnus au Canada et en obligeant les employeurs à montrer à l’avance qu’aucun Canadien éligible n’est disponible pour le travail. Avec le nouveau régime, les demandeurs dans leur vingtaine obtiennent le maximum de points pour l’âge. Le nouvel immigrant idéal du Canada est plus jeune, plus polyglotte, a déjà travaillé plus longtemps au Canada que l’ancienne version et, contrairement à son prédécesseur, a une offre d’emploi. Le système a transformé le ministère de l’Immigration en un organisme géant de la main-d’œuvre en ligne.
Les agents des bureaux des visas craignent que les employeurs inexistants offrent des emplois fictifs à des amis et des membres de leurs familles, faisant de ce système un « nouveau mécanisme de fraude » selon un sondage commandé par le ministère de l’Immigration. Les immigrants qui sont liés à un employeur pour une période déterminée sont à risque d’abus. Contrairement à l’ancien système de points, qui est neutre sur l’ethnie et la nationalité, le nouveau permet aux employeurs de discriminer d’une manière qui est difficile à détecter.
Sous la catégorie « adaptabilité », l’ancien système de points donnait des crédits pour les candidats ayant des membres de la famille au Canada; le nouveau système ne possède pas cette disposition. Jason Kenney, qui a précédé M. Alexander en tant que ministre de l’Immigration, a resserré les admissions de réfugiés disant trop d’immigrants tirent avantage de notre pays. Un tribunal a jugé que ses réductions des dépenses sur les soins de santé des réfugiés étaient cruelles et inconstitutionnelles.
Selon M. Alexander, les Canadiens d’aujourd’hui sont plus jeunes et mieux instruits que jamais avec les immigrants d’aujourd’hui ayant une incidence beaucoup plus élevée de diplôme d’études postsecondaires que la population canadienne en général. L’avenir du Canada peut sembler prometteur. Mais la vision du passé a clairement changée sous le gouvernement conservateur.