Après avoir donné plus d’avantages aux universités canadiennes dans les règles des travailleurs étrangers temporaires, le gouvernement fédéral est maintenant pressé par l’industrie du jeu vidéo pour certaines concessions dans les conditions requises pour l’embauche de travailleurs étrangers, faisant valoir que les restrictions nuisent à leurs entreprises.
L’industrie du jeu vidéo au Canada emploie plus de 17 000 personnes. Les salaires de l’industrie sont plus élevés que la moyenne et 40% ou plus de leurs employés détiennent un diplôme universitaire, ce qui signifie qu’un grand nombre de leur force de travail appartient à la catégorie des travailleurs « hautement qualifiés ». « Nous ne devrions pas être traités de la même manière que certaines autres industries qui apportent des travailleurs peu qualifiés. Nous sommes à la fine pointe de ce qui se fait. Les gens que nous embauchons sont hautement qualifiés, ils sont parmi les meilleurs dans le monde et nous nous battons pour eux. Plus nous ferons face à des obstacles, plus nous aurons de chances de perdre ces travailleurs face à certaines des entreprises en Asie », dit Martin Carrier, directeur du studio chez Warner Bros Games Montréal.
Selon les entreprises de jeux vidéo, les nouvelles règles représentent la méfiance du gouvernement envers les employeurs et il sera difficile pour eux de recruter des travailleurs étrangers hautement qualifiés, qui sont essentiels à leur entreprise. « Il doit y avoir un certain niveau de confiance … sachant que nous investissons beaucoup d’argent pour faire venir des étrangers dans le pays. Nous agissons avec une diligence raisonnable et le fait pour nous de mettre des milliers de dollars derrière une personne juste pour la déplacer ici, est une raison valable et nous ne devrions pas être confrontés à des obstacles supplémentaires du côté administratif », dit Carrier.
Il y a environ 70 programmes universitaires canadiens où les développeurs de jeux apprennent leurs compétences. Cependant, les sociétés de jeux font valoir que, malgré leurs efforts pour embaucher des développeurs de jeux locaux des établissements universitaires canadiens, leur industrie souffre encore d’un taux de chômage de moins de 3%, ce qui rend nécessaire pour eux d’embaucher des spécialistes étrangers. « Parmi les nouvelles personnes d’entrée de gamme que nous embauchons, nous savons que 97% sont des Canadiens ou proviennent des universités canadiennes. Les problèmes commencent au niveau intermédiaire ou supérieur », dit Jayson Hilchie, PDG de l’Association du logiciel de divertissement.
La multinationale française Ubisoft a lancé sa succursale à Toronto après que sa succursale de Montréal ait augmentée de 3000 employés. Ubisoft dit que pour certains projets, ils ont besoin d’embaucher à l’étranger, avec près d’un tiers de leurs employés étant employés étrangers. Ubisoft offre aussi des programmes co-op, dans lesquels l’entreprise envoie leurs nouveaux employés à l’étranger pour acquérir de l’expérience internationale. « Nous comptons sur le fait que des gens plus expérimentés viennent ici et forment des gens plus jeunes … Si relocaliser quelqu’un ici prend trop de temps, nous n’avons pas d’autre choix que de refuser de l’employer », dit Alex Parizeau, directeur général d’Ubisoft Toronto.
Selon un rapport parlementaire de l’année dernière, le temps et les ressources consacrées à l’embauche de travailleurs étrangers avaient augmentées après que le gouvernement ait fermé les routes d’immigration accélérées et donné le fardeau aux employeurs de prouver qu’ils avaient fait des efforts suffisants pour embaucher des travailleurs canadiens avant de commencer à chercher à l’étranger. Les nouvelles règles exigent que les entreprises qui offrent des salaires correspondant à la médiane provinciale ou plus soumettent un plan sur la façon dont elles transfèreront ces postes pour les travailleurs canadiens. En plus des conditions plus strictes imposées aux entreprises qui transfèrent les travailleurs ayant des compétences et des connaissances spécialisées de l’étranger.
Cependant, Mary Sorrenti, vice-présidente de Game Pill estime que les nouvelles règles d’immigration donneront l’occasion à de nouveaux diplômés de « faire un saut en avant dans leur carrière ».
« Même si l’expérience traditionnelle ne sera pas aussi large, beaucoup de ces étudiants ont commencé à programmer à un très jeune âge. … à court terme, nous devons chercher des solutions créatives », dit-elle.
Même les sociétés de jeux conviennent qu’elles préféreraient avoir des employés canadiens car ils sont moins coûteux à embaucher et plus susceptibles de rester. « Le recrutement et la relocalisation de travailleurs hautement qualifiés est extrêmement coûteux et les procédures sont longues et ardues », dit Deirdre Ayre, directeur du studio de Other Ocean. Cependant, c’est la pénurie de compétences qui a conduit l’industrie à embaucher à l’étranger, et compliquer les procédures d’embauche n’allait pas aider. « Il n’y a pas de temps pour les processus complexes ou des gens iront tout simplement ailleurs », dit-elle.