Selon les trois députés des Maritimes, les provinces de l’Atlantique ont un besoin drastique d’immigrants. Le premier ministre du Nouveau-Brunswick propose sa propre solution : exiger que les nouveaux arrivants s’installent en région.
« C’est une mission cruciale d’avoir un profil d’immigration similaire au reste du pays » affirme le premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard, Wade MacLauchlan.
Ceci est en réaction à la récente lettre d’opinion écrite par Frank McKenna où l’ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick atteste que l’augmentation de la population de l’Atlantique à travers l’immigration est nécessaire pour combattre la vieillesse dans la région et la diminution de la population.
McKenna, qui est présentement vice-président de la banque Toronto-Dominion, explique dans une entrevue que le gouvernement fédéral devrait créer un programme spécial pour la région de l’Atlantique qui exige que les immigrants vivent de trois à cinq ans en région avant de recevoir leur résidence permanente. Son avis est très malavisé.
Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Stephen McNeil, semble plus près du but lorsqu’il dit que les provinces ont la responsabilité de travailler avec les communautés et les groupes sociaux pour créer un système d’infrastructure et de support afin que les immigrants venant dans les régions y restent.
Le droit de légiférer dans le domaine de l’immigration au Canada est partagé également entre le gouvernement fédéral et les provinces. Puisque le gouvernement du Québec a acquis le droit exclusif d’établir ses politiques et programmes il y a de cela plus de 30 ans, toutes les provinces et territoires ont implanté leurs propres programmes d’immigration pour sélectioner les immigrants.
Mais quelle est l’implication quand une province délivre une approbation pour qu’un nouvel arrivant soit relocalisé dans sa province et quelles sont les obligations du candidat de vraiment s’établir dans celle-ci?
De plus en plus de candidats appliquent pour rentrer au Canada sous le programme de candidats des provinces (PCP) ou à travers le Québec.
Un point de départ dans la discussion est l’article 6 de la Charte canadienne des droits et libertés. Communément appelée la Charte canadienne ou loi constitutionnelle de 1982, elle consiste en une série de dispositions législatives qui datent de la naissance du Canada en 1867. Elle offre aux Canadiens des droits de base dans leur relation, à tous les niveaux, avec le gouvernement et lie les assemblées législatives des provinces/territoires du Canada incluant le gouvernement fédéral. L’article 6 de la charte donne expressément le droit aux résidents permanents de vivre et travailler dans n’importe quelle province du Canada.
Dès qu’une province sélectionne un candidat, le département fédéral de Citoyenneté et Immigration Canada (CIC) supervise les questions d’admissibilité, incluant la santé et la sécurité. Après avoir atterri au point d’entrée au Canada, l’Agence des services frontaliers du Canada va aussi s’assurer de l’admissibilité et ceci inclura la vérification de la véracité des intentions du candidat de résider dans une province particulière.
Après avoir reçu le visa de résidence permanente, s’être présenté au point d’entrée pour l’admission au Canada et une fois validement au pays, il n’y a rien qui empêche le candidat de choisir où il veut vivre et travailler dans le pays. Imposer des restrictions à la résidence comme condition de citoyenneté, en plus d’être inefficace, va fort probablement ne pas avoir les effets désirés. Les provinces cherchant à attirer de nouveaux arrivants sous leurs programmes d’immigration provinciaux devraient plutôt créer les bonnes conditions et, de façon plus importante, retenir les immigrants.
La règle de 730 jours de résidence est parmi les plus flexible et ceci rajoute plus de complications au problème de rétention. Techniquement, les nouveaux arrivants peuvent quitter le Canada dès qu’ils deviennent résidents permanents pour une période de 3 ans tout en gardant leur résidence permanente canadienne durant cette longue période d’absence initiale. Après leur retour au Canada, leur endroit de résidence initial peut être modifié sans formalité. Les fonctionnaires gouvernementaux en l’immigration sont au courant de ce dilemme.
En effet, cela est un défi permanent pour certaines provinces qui sont utilisées par des candidats potentiels comme « porte d’entrée » pour le Canada et qui ne se qualifient pas sous les programmes fédéraux. À l’inverse, plusieurs candidats envoient leur application pour des programmes provinciaux pour lesquels ils se qualifient mais n’ont pas l’intention d’y résider.
La rétention des immigrants doit être adressée de façon stratégique par tous les niveaux du gouvernement. Les décideurs politiques provinciaux doivent créer les bonnes conditions et considérer une variété de mesures pour que les immigrants demeurent dans la province. Premièrement, ils peuvent considérer des incitatives de rétention sous la forme de crédits d’impôts provinciaux à court terme pour les nouveaux résidents. Ils peuvent aussi implanter des arrangements avec les municipalités afin d’offrir l’achat de terres résidentiels pour de nouvelles constructions dans les zones isolées en dessous de leur valeur marchandes. Finalement, les municipalités peuvent offrir des exemptions de taxes de propriétés conditionnelles pour attirer les nouveaux résidents.
Compte tenu de la nécessité de compter sur l’immigration comme outil pour pallier aux défis démographique, les décideurs politiques de l’Atlantique et d’ailleurs doivent considérer l’approche de la carotte. Les outils pour l’immigration sont en place ; ils ont juste besoin d’être complétés par la contribution d’un large éventail de parties prenantes et créer les bonnes conditions afin que les immigrants restent dans la province pour laquelle ils ont fait leur demande. Cette stratégie contribuera grandement à aider le Canada à assurer ses objectifs politiques en matière d’immigration.
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