Le gouvernement provincial du Québec a mis en garde que la province souffre de pénuries de main-d’œuvre et a annoncé la fermeture de plusieurs entreprises, à moins qu’Ottawa ne renverse les récents changements apportés au Programme des travailleurs étrangers temporaires.
Le programme a été initialement introduit pour permettre aux employeurs canadiens d’embaucher des travailleurs étrangers si les travailleurs qualifiés n’étaient pas disponibles localement.
Les derniers changements – qui sont entrées en vigueur en avril – ont été rédigés en juin dernier, à la suite des rapports d’abus généralisé du programme TET. En conséquence de ces changements, les entreprises de certains secteurs d’emploi sont désormais empêchées d’embaucher des travailleurs étrangers temporaires dans les régions avec un taux de chômage supérieur à six pour cent.
Montréal, Laval, Sherbrooke et d’autres régions au Québec ont eu l’an dernier un taux de chômage de plus de six pour cent.
La ministre de l’Immigration du Québec, Kathleen Weil, a affirmé que de nombreuses entreprises québécoises se sont plaintes qu’avec les nouvelles restrictions, il sera difficile de combler les postes vacants et cela pourrait les conduire à déplacer leurs affaires ailleurs.
« Certaines de ces entreprises nous disent qu’elles auront à fabriquer, transformer, faire ce qu’’elles font ailleurs», dit-elle.
Weil dit que la main-d’œuvre locale du Québec est en déclin, et que les travailleurs immigrés sont une nécessité.
« C’est la réalité du marché de l’emploi et je ne pense pas qu’ils soient sensibles à cela -. Nous avons une population vieillissante en âge de travailler qui est sur le déclin. Cela n’est pas le cas dans d’autres provinces et dans l’ensemble du Canada, mais c’est le cas au Québec », a déclaré Weil.
« Notre situation est que la pénurie va empirer. L’immigration, qu’elle soit temporaire ou permanente, est la solution à ce problème, » a-t-elle ajouté.
Québec pousse le gouvernement fédéral pour un sursis de quelques-unes des nouvelles règles.
« Cela ne veut pas la fin de cet échange (avec Ottawa). Il ne peut pas en être ainsi », dit-elle. « Ces changements sont tellement irrationnels que nous serions en quelque sorte en train d’entraver le développement de nos entreprises, de certains secteurs, de nos régions et de notre économie. »
Mais le ministre fédéral de l’emploi, Pierre Poilievre, a défendu les changements, en disant la réforme a été effectuée pour assurer que les Québécois sont embauchés avant les travailleurs étrangers.
« Là où il y a un nombre important de chômeurs au Québec, le gouvernement estime que les employeurs doivent faire plus pour les attirer », a-t-il dit.
Selon le PDG de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, le secteur des TI de la ville va souffrir à cause des changements. Beaucoup de sociétés de TI comptent sur les TET pour combler les pénuries de main-d’œuvre à court terme et en vertu des nouvelles règles, ils trouveront de plus en plus difficile d’embaucher les travailleurs dont ils ont besoin.
« Le risque est que nous allons probablement éventuellement avoir à corriger ce que le gouvernement met en place maintenant. Pendant ce temps, les entreprises vont avoir plus de difficultés », dit LeBlanc. « Et, dans certains cas, les travailleurs locaux vont être privés d’un emploi parce que les activités seront déplacées à l’extérieur du pays. »
Les Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) ont également critiqué les changements apportés au programme des TET.
« Bien que les premiers secteurs à être touchés seront probablement ceux de l’agro-alimentaire, du détail et de la restauration, tous les fabricants et les entreprises exportatrices du Québec en sentiront les effets », a déclaré le MEQ dans un communiqué.