Pendant des décennies, le Canada a été considéré comme un chef de file international dans l’accueil et l’intégration des nouveaux arrivants. Les nouvelles données montrent que cette réputation de longue date ne soit plus vraie.
Les nouvelles données de Migrant Integration Policy Index (MIPEX), qui sera officiellement lancé à l’Université Ryerson ce mercredi, révèlent que la performance du Canada a diminué. Ceci est le premier plongeon du Canada depuis qu’il a été ajouté à l’indice en 2008.
La baisse d’un point marque un tournant dans notre trajectoire comme un chef de file parmi les pays qui accueillent des immigrants. Et ce n’est probablement que le début. Il vient à la fin d’une décennie de changement sismique dans l’immigration canadienne, dû aux conservateurs au pouvoir, dont nous commençons à peine à voir les résultats.
MIPEX est un outil de référence compilé en consultation avec des chercheurs et des institutions de 38 pays, qui mesure des lois et des politiques selon 167 indicateurs de la politique sur l’intégration des migrants.
Thomas Huddleston, de Migration Policy Group à Bruxelles, qui compile les scores de l’indice et qui a suivi la performance internationale depuis 2006, dit : « le score inférieur MIPEX du Canada soulève de sérieuses questions sur les intentions et l’impact de la nouvelle tournure du gouvernement sur les politiques d’immigration. »
Au cours de la dernière année, le Centre Ryerson pour l’immigration et l’établissement et le Global Diversity Exchange ont contribué à l’index par la collecte d’informations sur l’intégration des nouveaux arrivants selon un éventail de dimensions sociales et politiques.
On a constaté que, particulièrement sur les questions de regroupement familial et l’accès à la citoyenneté, le Canada fait un pas à l’arrière.
Devenir Canadien est plus difficile aujourd’hui qu’il ne l’était il y a quelques années. Les scores du MIPEX indiquent une baisse constante de « l’accès à la nationalité » de 71 points (sur un maximum de 100) en 2010 à 67 points en 2015.
Cette mauvaise performance reflète les changements politiques récents et successifs des conservateurs de Stephen Harper depuis 2006. Par exemple, Ottawa a soulevé la redevance pour les demandes de citoyenneté à plus de 500 $ pour un adulte (une majoration de 430 pour cent depuis 2013) et a rendu le test de citoyenneté plus difficile à passer. Si ceux qui détiennent la double nationalité, sont réputées avoir commis certains crimes contre l’Etat, Ottawa est maintenant en mesure de révoquer la citoyenneté canadienne avec un minimum de formalités.
Le choix du gouvernement de révoquer la citoyenneté plutôt que d’utiliser le système de justice pénale actuel est une indication de sa tendance à considérer les immigrants inférieurs aux Canadiens. Harper a déclaré officiellement que le Canada n’a pas l’intention de créer une sous-classe d’immigrants. Les actions parlent plus que les mots.
Les politiques restrictives des conservateurs ont fait en sorte que moins d’immigrants deviennent citoyens canadiens. Seulement 26 pour cent des immigrants qui sont arrivés au Canada en 2008 sont devenus citoyens canadiens en 2014, contre 79 pour cent en 2000. Cela devient un problème lorsque des non-citoyens paient des impôts, envoient leurs enfants à l’école, et sont engagés au Canada.
Bien que le Canada ait traditionnellement marqué haut sur le regroupement familial, ses scores y sont en baisse aussi. Particulièrement préoccupant, le score mesurant l’admissibilité à parrainer des membres de la famille est passé de 79 en 2010 à 64 en 2015.
Il est maintenant plus difficile pour les immigrants de parrainer la famille. En 2013, le Canada a admis près de 80 000 nouveaux arrivants ou 27 pour cent de tous les immigrants au Canada, en vertu du volet de la famille. Ces immigrants sont essentiels à l’expérience réussie d’établissement et d’intégration car ils fournissent un soutien social important, tel que le revenu supplémentaire aux garderies et l’aide émotionnelle.
Récemment, Ottawa a apporté de nombreux changements aux politiques de regroupement familial, y compris l’augmentation de l’engagement de parrainage de 10 à 20 ans, l’augmentation de la condition de revenu pour le parrainage de parents et grands-parents de 30 pour cent, et l’instauration d’une période plus longue au cours de laquelle le parrain doit répondre à cette exigence.
La jeune génération trouvera aussi plus difficile de rejoindre leurs familles au Canada. Le gouvernement fédéral a réduit l’âge des personnes à charge de 22 à 19, et les exceptions pour les étudiants à temps plein ou des enfants financièrement dépendants ne sont plus disponibles.
L’histoire de l’exceptionnalisme du Canada est largement considérée par les autres comme un modèle dans la façon dont il gère l’immigration et l’intégration des immigrants. Toutefois, la preuve dépeint maintenant une autre histoire, celle qui est un peu plus terne que nous le savons.
Les nouvelles données signale un changement et nous encourage à réfléchir sur les tendances les plus alarmantes et réorienter si nécessaire. Mais le bon est mélangé avec le mauvais. Canada mène toujours dans l’intégration sur le marché du travail, la lutte contre la discrimination et la création d’un sentiment d’appartenance pour les nouveaux arrivants.
Les Canadiens ont jusqu’à l’automne pour déterminer si la politique actuelle sous les conservateurs au pouvoir est le choix préféré. Une élection fédérale aura lieu le 19 Octobre 2015.