La croissance économique du Québec devrait être inférieure à la moyenne nationale pour une deuxième année consécutive en 2023, prévoient les économistes du Mouvement Desjardins dans le dernier rapport sur les perspectives provinciales.
L’affirmation des économistes découle du glissement de la province vers une récession plutôt modérée au cours du second semestre de cette année, montrant un ralentissement de l’économie provinciale à la suite de huit hausses consécutives des taux d’intérêt de la Banque du Canada entre mars 2022 et janvier 2023.
« Les choses évoluent au ralenti », a déclaré Hélène Bégin, économiste principale chez Desjardins à Lévis. « Les données économiques sont relativement faibles. Beaucoup d’indicateurs économiques sont plus faibles au Québec qu’ailleurs. »
À titre d’illustration, le PIB de la province n’a augmenté que de 0,9 % au cours des quatre premiers mois de 2023, ce qui est dérisoire par rapport à la moyenne nationale de 2,3 %.
La construction résidentielle n’a cessé de chuter au Québec et le marché de la revente ne connaît qu’un « léger » rebond. À cela s’ajoute une baisse des investissements des entreprises de la province et des exportations internationales, alors que ces mêmes indicateurs se maintiennent à l’échelle nationale.
En savoir plus
- Comment immigrer au Canada en tant que Spécialistes de la cybersécurité
- La Colombie-Britannique dépense 7 millions de dollars pour créer des emplois pour les nouveaux immigrants
- Le Canada a émis 800 invitations à présenter une demande dans le cadre d’un nouveau tirage d’Entrée express ciblant les francophones
La baisse du PIB de 0,4 % en avril, selon Bégin, laisse présager une croissance négative pour l’ensemble du deuxième trimestre, en raison notamment des incendies de forêt, qui ont provoqué une baisse sans précédent de la production et des exportations des industries du papier et du bois, entre autres.
Le schéma d’une croissance du PIB inférieure à la moyenne nationale est similaire à celui de l’année dernière, lorsque la croissance du PIB réel du Québec de 2,8 % était inférieure à celle de 3,4 % enregistrée à l’échelle du Canada. En outre, il est prévu que cette situation se prolonge jusqu’au début de l’année prochaine.
Selon les économistes de Desjardins, la principale raison pour laquelle l’économie du Québec est affectée de la manière décrite ci-dessus est le ralentissement de la croissance démographique par rapport au reste du Canada.
La population du Québec n’a augmenté que de 2,1 % au cours de l’année se terminant en avril 2023, ce qui est inférieur à la moyenne nationale de 3,1 %. L’Ontario, quant à lui, a connu une croissance démographique de 3,4 % au cours de la même période.
Selon Bégin, les migrations interprovinciales n’apportent pas une main-d’œuvre importante, et le Québec a également une population plus âgée que la moyenne par rapport au reste du Canada.
Lorsque ces facteurs sont combinés au fait que l’immigration internationale et l’intégration des immigrants au Québec sont faibles par rapport aux taux nationaux, il est évident que le marché du travail a une demande excédentaire qui n’est pas suffisamment satisfaite par les niveaux d’immigration actuels.
Cela crée par conséquent moins de soutien démographique à l’économie.
Watch Video:
Une étude récente de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) indique que plusieurs régions du Québec devraient s’attendre à de graves pénuries de main-d’œuvre dans les années à venir, à moins que le gouvernement n’encourage l’expansion des objectifs provinciaux en matière d’immigration – surtout à l’extérieur de Montréal.
En mars 2023, on prévoyait un déficit annuel de 18,000 immigrants au Québec, Montréal et Laval étant les seules exceptions à la règle.
Cependant, le 7 juin, La Coalition avenir Québec a présenté une série de propositions de changements dans sa Gazette officielle, qui imposeront des exigences plus strictes en matière de langue française dans la plupart des programmes d’immigration permanente et temporaire.
Une fois mises en œuvre, ces nouvelles exigences rendront plus difficile pour les employeurs québécois d’attirer les meilleurs talents internationaux. Elles rendront également le Québec moins attrayant pour les ressortissants étrangers qui souhaitent s’y installer de façon temporaire ou permanente.
La FCEI a suggéré d’attirer les immigrants loin des centres d’immigration en réduisant les formalités administratives, en rendant les logements plus abordables, en augmentant les services tels que la garde d’enfants pour les familles et en offrant des incitations financières aux nouveaux arrivants. Un processus de citoyenneté canadienne plus rapide pour les travailleurs étrangers qui souhaitent s’établir au Québec pourrait également être mis en œuvre.
Toutefois, il est peu probable que ces observations répondent à la question plus aiguë des nouvelles règles d’immigration proposées qui entreront probablement en vigueur plus tard cette année.